Jeudi 2 octobre, au lendemain de l’interception illégale de la Global Sumud Flotilla, des dizaines d’étudiants de Sciences Po Rennes ont bloqué leur campus pour exiger la libération des membres de la flottille. Vers 7h30, des gendarmes sont venus intimider les étudiants sur le campus, les soumettant à des contrôles d’identité.

Une heure plus tard, une quinzaine de policiers sont intervenus violemment pour dégager les étudiants mobilisés. Cagoulés pour la plupart, sans matricule visible, les agents ont insulté, menacé et matraqué les étudiants. Un policier a même jeté au sol et frappé une personne mobilisée. « ils ont été violents […] même en voyant qu’on partait, ils ont décidé de nous réprimer. On est plusieurs à s’être pris des coups de matraques », témoigne A. au micro de Révolution Permanente. « J’étais à l’arrière, le policier m’a poussé en me disant de partir plus vite et du coup je me suis pris trois coups de matraques dans la cuisse. »

Étudiante mobilisée jeudi dernier, N. confie avoir été « en état de choc, » « je m’attendais pas du tout à ça, à peine la police nationale est arrivée, on les a vu cagoulés, avec leurs matraques, ils nous ont dit de dégager […] directement ils ont été hyper agressifs ».

« Je trouve ça inadmissible qu’ils aient envoyé la police, en sachant très bien qu’ils allaient être menaçants, qu’ils nous ont insulté et nous ont frappés » pour S., témoin de la répression. « C’est un niveau de violence élevé et ça m’inquiète. Pour moi c’est un signe d’une fascisation assez rapide de la société. Ces dernières années y’a pas eu ce genre de réponse quand on a bloqué. »

La présidence de l’école se dédouane de toute responsabilité dans l’affaire. Dans un e-mail adressé aux élèves le jour même, l’administration de Sciences Po Rennes affirme que « la préfecture a pris de son côté la décision de faire intervenir les forces de l’ordre sur différents sites concernés par des blocages, dont le boulevard de la Duchesse Anne [où se situe l’école, NDLR] ». Pas un mot pour les étudiants réprimés par la police aux portes de l’école.

Ces méthodes de répression policière contre le mouvement étudiant sont de plus en plus banalisées. Déjà en avril 2024, au moment où les étudiants ont occupé Sciences Po Rennes contre le génocide en Palestine, le directeur de l’IEP a fait intervenir plus de 80 CRS dans l’école pour brutalement expulser les étudiants mobilisés. Dans l’Enseignement Supérieur, la répression policière et administrative se renforce, comme à l’université de Nantes, où la présidence envisage un règlement intérieur ultra-répressif qui sanctionnerait notamment « l’usage abusif de la liberté d’expression ».

« On est du bon côté de l’histoire »

Se mobiliser pour la Palestine, explique N., c’était une nécessité. « Au final se taire et ne rien faire c’est encore pire, c’est être complice. Surtout en tant que jeunes, nous on ne veut pas de ça. Plus tard par exemple, si on a des enfants qui nous demandent ce qu’on a fait dans cette situation, on ne pourra pas dire qu’on a été complice d’un génocide. On pourra dire qu’on a essayé de se battre contre et de faire tout ce qu’on pouvait. »

S., étudiante en master, partage ce constat. « De manière générale, la jeunesse a toujours été du bon côté de l’histoire. Là, ça montre d’autant plus qu’on l’est car il y a un tournant autoritaire et on essaye de nous faire taire, alors que ce qu’on dit est légitime. »

Une assemblée générale a été convoquée le lendemain à Sciences Po Rennes contre la répression policière et administrative, et en solidarité avec le peuple palestinien. C’est à cette occasion que des élus étudiants ont expliqué avoir interpellé la présidence, qui se dédouane de toute responsabilité vis-à-vis des violences policières infligées aux étudiants. La cinquantaine de participants a discuté de comment préparer la riposte contre la répression policière, administrative, et contre le génocide en Palestine. Une répression qui n’a fait que renforcer le moral des étudiants mobilisés, déterminés à continuer la lutte.

Contre les présidences d’université qui tentent d’interdire la politique sur nos campus, le mouvement étudiant a un rôle clé à jouer, aux côtés du mouvement ouvrier, pour affronter les politiques austéritaires, la militarisation de la société, et la complicité de l’État français avec le génocide du peuple palestinien.