Alors que la saison 2025 nous a prouvé que toutes les écuries étaient capables d’inscrire des points, voire de viser un podium, une seule équipe semble incapable de jouir des écarts faibles offert par cette fin de cycle réglementaire. Alpine est en train de vivre la pire série de résultats de son histoire, et même de l’histoire de Renault en F1.

Avec le résultat de Singapour, les deux voitures de l’écurie franco-anglaise terminent et se qualifient hors du top 15 pour le troisième Grand Prix consécutif. La dernière fois qu’Alpine avait connu une telle série de mauvais résultats remontait aux doubles abandons consécutifs de Silverstone et de la Hongrie en 2023. En excluant les abandons, c’est la première fois de toute l’histoire de l’équipe – en comptant les années Renault – qu’elle termine trois courses consécutives avec ses deux voitures en dehors du top 15. En tenant compte des abandons, il faut remonter à 1984 pour retrouver un tel résultat.

« Je le sais depuis des mois, donc ce n’est pas comme si j’étais surpris », a déclaré Gasly après les qualifications du Grand Prix d’Italie, au sujet des difficultés d’Alpine cette saison. « C’est quelque chose que j’accepte. Bakou va être difficile. Singapour va être difficile. Je sais que ça va être compliqué jusqu’à la fin de l’année. »

« Ce sera très probablement le même discours et les mêmes réponses pour le reste de la saison. Au moins, il faut qu’on se concentre sur ce qui est sous notre contrôle et qu’on le fasse du mieux possible », a-t-il ajouté le lendemain après l’épreuve.

Mais alors, qu’est-ce qui ne va pas avec l’A525 ?
Franco Colapinto, Alpine

Franco Colapinto, Alpine

Photo de: Andy Hone/ LAT Images via Getty Images

La réponse la plus évidente est un manque de puissance moteur. L’Alpine est la voiture la plus lente du plateau. À Monza, elle était la moins rapide en ligne droite, et de loin. Elle a atteint 345,7 km/h en qualifications, contre 355,9 km/h pour la Stake Sauber et 345,8 km/h pour la deuxième plus lente, la McLaren. En course, les Alpine n’ont pas dépassé les 340,3 km/h, tandis que Williams a été la plus rapide à 364,1 km/h et que Mercedes affichait 350,9 km/h.

Franco Colapinto a d’ailleurs évoqué un phénomène de « clipping » dans les lignes droites de Monza – lorsqu’une voiture épuise sa réserve d’énergie avant le point de freinage. « On ne peut rien y faire », a déclaré l’Argentin après les qualifications à Monza. « Si on met trop d’appui, on commence à trop glisser dans les virages. On n’y gagne rien. C’est une situation délicate, et on sait que sur certains circuits, on va un peu plus souffrir que sur d’autres. »

Quoi qu’il en soit, la puissance n’est clairement pas le seul problème de l’A525 : « Sur un circuit comme Monza, où il n’y a que six virages, ce n’est pas simple. On sait où on est en retrait. Pour être honnête, c’est global : c’est le châssis et le moteur, il n’y en a pas un à blâmer plus que l’autre », a expliqué Gasly. « Même au niveau du châssis, il y a des choses à améliorer. C’est dans tous les domaines. On sait qu’actuellement, on n’est pas en position de se battre pour le top 10 », a-t-il ajouté à Bakou.

Pierre Gasly a également expliqué que la monoplace avait du mal à encaisser les bosses du circuit d’Azerbaïdjan, tandis que Colapinto a déploré le manque de vitesse de la voiture dans les virages lents ainsi que son manque de stabilité. « C’est une voiture imprévisible et pas vraiment facile à piloter », a déclaré le rookie après l’épreuve de Bakou. « Du coup, on doit aller davantage à la limite, prendre plus de risques que les autres. »

Une imprévisibilité qui peut être à l’origine des nombreux accidents de Franco Colapinto depuis son arrivée dans l’équipe lors du Grand Prix d’Émilie-Romagne en mai dernier. Il s’est accidenté quatre fois depuis : deux fois en qualifications, une fois en course et une fois lors d’essais privés.

2026 : la saison de tous les espoirs
Franco Colapinto, Alpine

Franco Colapinto, Alpine

Photo de: Sam Bloxham / LAT Images via Getty Images

Parfaitement consciente de la faiblesse de sa voiture, Alpine n’a pas fait grand-chose pour l’améliorer. Depuis le Grand Prix d’Espagne il y a six mois, l’équipe n’a apporté d’améliorations qu’à trois reprises. Cependant à Montréal et en Belgique, les éléments d’ailerons apportés étaient spécifiques aux circuits concernés, et n’apportaient donc aucun gain de performance durable. La troisième évolution, à Zandvoort, concernait les écopes de freins arrière et visait à « améliorer la gestion de l’écoulement de l’air au niveau des roues arrière ».

En réalité, Alpine n’a jamais promis ni espéré progresser cette saison, puisqu’elle était, depuis le début de l’année, déjà complètement concentrée sur 2026. Avec les nouvelles réglementations, l’équipe d’Enstone passera à un moteur Mercedes. Dans ce contexte, la prochaine saison constitue une vraie source d’espoir pour Alpine, puisque tous les compteurs seront pratiquement remis à zéro. 

« Nous mettons beaucoup d’efforts dans la voiture de 2026 », a expliqué Flavio Briatore, conseiller d’Alpine, à Monza. « Mais il n’est pas facile d’interpréter le règlement. Peut-être avons-nous commis une erreur en n’apportant aucune évolution depuis le début de la saison, et nous le payons aujourd’hui. En ce moment, deux ou trois dixièmes, ça représente dix ou quinze voitures. Nous savons que nous avons un gros handicap en termes de puissance, avec le moteur. Nous espérons oublier cette année et être heureux en 2026. »

L’Italien n’a d’ailleurs pas caché ses grandes ambitions pour l’écurie franco-anglaise l’année prochaine. Lorsqu’on lui a demandé s’il visait des podiums en 2026, Briatore a répliqué : « Oui. Parce que sinon, il faudrait changer de métier ».

Avec Benjamin Vinel, Oleg Karpov et Cihangir Perperik

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