Qu’est-ce qui vous a incité à prendre la parole et à appeler à une mobilisation du monde économique ?

« La mobilisation du monde économique, elle est là. Car si le pays tient, c’est uniquement grâce au monde économique, aux entreprises et à l’énergie de ses collaborateurs. Et, ce, depuis des mois. Mais c’est ahurissant d’être obligé d’avancer dans cette succession d’atermoiements politiques incompréhensibles. J’appelle à ce que les entreprises soient reconnues pour ce qu’elles sont et de sortir de ce jeu politique irresponsable. »

En quoi cela impacte-t-il l’activité des entreprises ?

« Cela rend l’activité à l’international plus difficile or c’est grâce à nos exportations – qui représentent 62 % de l’activité de Thuasne – que nous tenons le coup. Cela rend l’investissement plus difficile. On est en train de stresser les entreprises et, notamment, les ETI (Entreprises de taille intermédiaire, NDLR) comme la nôtre. Et, bien sûr, cela a un impact sur l’emploi car on crée des emplois quand on a une visibilité. »

« On ne sait pas quelles vont être les règles du jeu »

Des difficultés nées par cette instabilité politique, c’est ce qui vous contrarie aujourd’hui ?

« C’est plus que de la contrariété. La contrariété, on la surmonte. Mais abîmer, voire détruire des entreprises est un risque durable pour le pays. Cela fait malheureusement des années qu’on a oublié l’industrie des territoires, or c’est elle qui tient le pays. Mon appel, il est là : cesser ce jeu politique permanent qui occupe l’espace médiatique. »

En quoi la situation politique actuelle accélère les difficultés des entreprises ?

« On n’a pas de budget. On ne sait pas quelles vont être les règles du jeu. Cela augmente les difficultés et les inconnues des entreprises qui n’ont pas besoin de ça. Il y a quelque chose d’irrationnel. Nous, dans les entreprises, on ne change pas de direction tous les quinze jours. »

« Ce qu’on ne fait pas en ce moment, c’est lourd de conséquences »

Emmanuel Macron a, depuis qu’il est à la tête de l’État, cette image “pro business”. Est-ce qu’il vous déçoit ?

« C’est vrai qu’Emmanuel Macron et ses gouvernements successifs ont été attentifs à l’entreprise. Mais ils ont laissé partir l’industrie. L’industrie, ça se construit sur le temps long. Ce qu’on ne fait pas en ce moment, c’est lourd de conséquences. »

Pour votre entreprise, Thuasne, vous êtes inquiète ?

« Bien sûr, comme tout le monde. Je suis admirative de l’énergie de mes collaborateurs. Mais on est en train de jouer avec la pérennité et la transmission des entreprises, notre capacité à avoir des échanges de bon niveau avec d’autres pays… Les circonstances liées à l’instabilité politique ou sur les droits de douane créent des moments de tension. Mais on a choisi de ne pas arrêter nos projets. Sur la transformation digitale, par exemple, qui a un impact dans toutes les fonctions de l’entreprise et les dispositifs médicaux. »