Si l’attention était concentrée autour de Marc Marquez
et Fermin Aldeguer le week-end dernier, il ne faut pas oublier que
la catégorie Moto3 a un nouveau champion, en la personne de José
Antonio Rueda, pilote Red Bull KTM Ajo. Autant vous dire qu’il n’y
a pas eu le moindre suspense cette saison dans la plus petite des
catégories tant il a dominé.
Lui et les autres
Cette année, qu’il débutait en favori après le départ des
anciens pilotes principaux vers le Moto2 (Veijer, Holgado, Alonso
et Ortola), Rueda a tout écrasé. J’ai eu l’occasion de suivre de
très près ses exploits, et force est de constater qu’il est
excellent ; en plus d’être rapide et de savoir s’imposer, il
possède une qualité assez rare de nos jours : il est, toutes
catégories confondues, l’un des plus réguliers. En 2025,
Rueda ne compte toujours aucune chute en course ! À savoir que
son unique abandon, au Qatar, était d’origine mécanique.
Quand il ne pouvait pas gagner, il préférait assurer les gros
points, en ayant le recul nécessaire pour accepter des positions
auxquelles il n’était déjà plus habitué.
Ajo
accroche encore un nouveau succès. Photo : Ajo
Et quand il peut écraser tout le monde, il ne s’en prive pas.
Sa plus grosse perf’, d’après moi,
cette saison, n’est autre que son Grand Prix d’Espagne. Parti
dernier en raison d’une pénalité, il a remonté tout le peloton à la
manière de Brad Binder et Marc Marquez avant lui,
mais, par dessus le marché, a collé plus de quatre secondes à ses
concurrents ! En tant qu’adversaire, comment vous
remettez-vous d’une telle leçon ?
Félicitations à lui, il a parfaitement géré et confirme son
statut de « crack ». En effet, il fut le premier pilote à
remporter, la même année (2022), le Championnat JuniorGP et la Red
Bull Rookies Cup. Il y avait ainsi beaucoup d’attentes autour de
Rueda, et, après une année 2024 assez décevante de mon point de
vue, il confirme enfin qu’il a le talent des plus
grands.
Rueda peut-il convertir ?
Certes, José Antonio Rueda est un immense champion, qui affiche
des statistiques impressionnantes. Il est déjà à neuf
victoires, cinq poles, et quatre autres podiums. Ce n’est
finalement pas si loin de l’exploit réalisé par David Alonso
l’année passée, et, à bien des égards, c’était parfois tout aussi
impressionnant.
Maintenant, posons-nous la vraie question : José Antonio
Rueda a-t-il les qualités pour réussir en Moto2, et, pourquoi pas,
en MotoGP ? Honnêtement, je n’en sais rien.
Voyez-vous, cela fait maintenant plusieurs années que je vous parle
du manque de pertinence du championnat Moto3 actuel.
D’après mon analyse, il n’est pas si représentatif que
ça.
Étant donné que les pilotes de la plus petite classe évoluent
avec ces machines depuis très longtemps, ils en deviennent des
spécialistes. Mais leur talent ne se vérifie pas toujours
dans les catégories supérieures. J’avais déjà abordé ce sujet lorsque
je parlais du nouveau phénomène Maximo Quiles, dans un article que
vous pouvez retrouver en cliquant ici.
José
Antonio Rueda a immédiatement remercié Dieu pour son succès. À
notre époque, c’est pour le moins étonnant, mais j’aime que les
pilotes s’affirment. Photo : Ajo
Je dois vous avouer que je suis assez déçu de la saison 2025 de
David Alonso en Moto2. Vous pouvez me trouver dur, mais, en 2024,
il n’avait pas fait qu’une bonne saison Moto3 ; le
Colombien avait signé l’une des meilleures prestations de
l’histoire du sport motocycliste ! Ainsi, je
m’attendais à ce qu’il débarque, un peu comme Marc Marquez en 2011,
et qu’il se mette à jouer le titre car il semblait détenir toutes
les qualités pour le faire. Pourtant, le meilleur rookie est Daniel
Holgado, que j’attendais beaucoup moins.
C’est pour cette raison que la FIM
travaille d’arrache-pied, en ce moment, pour combler l’écart entre
le Moto3 et le Moto2, car ça ne va pas. Les meilleurs
pilotes Moto2, n’ont, pour la plupart, pas réellement brillé en
Moto3 – voire n’y ont jamais mis les pieds –, et ce n’est
pas viable pour l’écosystème MotoGP.
Prenant cela en compte, je suis en droit d’émettre des doutes
quant au futur de José Antonio Rueda. Il pourrait réussir, oui,
c’est certain. Mais il pourrait aussi sombrer dans l’indifférence
la plus totale, car, après tout, n’est-il pas l’archétype
parfait du spécialiste du Moto3 ? Lui qui a écumé les
catégories de promotion depuis sa plus tendre enfance ?
Malheureusement, ça ne serait pas le premier champion du monde
Moto3 qui disparaîtrait totalement des radars, et, probablement pas
le dernier en attendant une réforme. C’est contre-intuitif, mais
il y a même plus de chances que cela se produise
statistiquement quand l’on suit la progression des très bons
pilotes Moto3 ces dernières années.
Je suis curieux de savoir ce que vous avez pensé de la saison de
José Antonio Rueda, alors, dites-le-moi en
commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur,
et pas de l’entièreté de la rédaction.
Quiles,
le prochain ? En tout cas, c’est mon pronostic. Photo : Aspar
Team
Photo de couverture : Red Bull KTM Ajo