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Emilie Dudon-Fournier

Publié le

10 oct. 2025 à 17h47

Une revanche des deux dernières finales de Top 14 ? On en sera loin, a priori… Pour le choc de la 6e journée de Top 14, dimanche à 21h05, l’UBB se déplacera à Toulouse sans la plupart de ses internationaux. Lucu et Moefana sont toujours absents, tandis que Jalibert ou encore Bielle-Biarrey seront laissés au repos. En septembre 2024, les Girondins s’étaient imposés 16-12 à Ernest-Wallon. L’UBB sera-t-elle capable de réaliser cet exploit à nouveau cette saison ? L’ancien troisième ligne international Louis Picamoles (39 ans, 82 sélections), qui a joué dans les deux clubs,  a accepté poser son regard sur cette rencontre pour Actu Rugby.

Actu : Toulouse et Bordeaux, respectivement 5e et 4e à l’issue des cinq premières journées, n’ont pas les résultats escomptés en ce début de saison. A quoi s’attendre dimanche ?

Louis Picamoles : C’est vrai que leurs matchs ont été en dents de scie, avec de très bonnes performances et des prestations beaucoup moins abouties, assez inhabituelles au vu de ce qu’ont montré ces deux équipes ces dernières saisons. Maintenant, elles ont toutes les deux gagné un titre l’an dernier et il peut y avoir aussi une sorte de décompression. Ce n’est pas toujours évident de repartir à bloc. Si vous y ajoutez des blessures ou des petites choses, la machine peut vite s’enrayer. Par exemple, l’absence d’un Maxime Lucu à l’UBB a forcément pesé dans la balance dans ce début de saison mitigé, par ce qu’il met en place sur le terrain, par son leadership. Mais il n’y a rien d’inquiétant, que ce soit pour Bordeaux ou Toulouse.

Un soupape de décompression avec le Brennus et la Coupe d’Europe

C’est un vrai process, de digérer un titre pour un groupe ?

L.P. : Oui. A Toulouse, cette génération et le club tout entier ont l’habitude d’enchaîner les titres. Et ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le Stade Toulousain rencontre des pseudo-difficultés en début de saison sans que ça lui soit préjudiciable pour la suite. Pour Bordeaux, c’est un peu différent. C’est un premier titre majeur après une attente assez forte de la part du club en lui-même, mais aussi de la ville. Ce n’est pas évident, peu de joueurs ont cette expérience et il peut y avoir une soupape de décompression un peu traître. Malgré tout, le staff connaît ces situations avec Yannick (Bru, N.D.L.R.) qui a joué et entraîné à Toulouse et qui connaît par cœur cette problématique. C’est pour ça que je ne suis pas non plus très inquiet pour l’équipe de Bordeaux. Quand ils arrivent à mettre les choses en place, on voit vite les deux machines que sont ces deux clubs-là. En fin de saison, on retrouvera inévitablement le Stade Toulousain et l’Union Bordeaux-Bègles dans le haut du tableau et prétendants sérieux au titre.

L'ancien troisième ligne des Bleus Louis Picamoles a joué à Toulouse de 2009 à 2016 et à Bordeaux en 2021-2022.
L’ancien troisième ligne des Bleus Louis Picamoles a joué à Toulouse de 2009 à 2016 et à Bordeaux en 2021-2022. (©Icon Sport)

Les voyez-vous déjà dans le dernier carré ?

L.P. : La saison est encore longue mais au vu des effectifs et de ce que ces clubs mettent en place depuis quelques années, j’ai du mal à imaginer que l’un ou l’autre ne soit pas présent sur les phases finales cette saison, et même directement en demi-finale.

« C’est vrai que plus ça va, plus ces affiches sont « galvaudées », même si je n’aime pas ce mot. Et c’est sûr que pour le téléspectateur et pour le diffuseur, c’est frustrant de ne pas voir les deux meilleures équipes. »

Louis Picamoles
Ancien troisième ligne de Toulouse, de Bordeaux et du XV de France

L’an dernier, Bordeaux était venu gagner à Toulouse (12-16). Là, ils ont mis des internationaux au repos. On a l’impression que ce n’est pas le même enjeu pour les deux équipes.

L.P. : Le Top 14 nous a habitués à voir les staffs gérer leurs effectifs sur des grosses affiches parfois. On connaît l’importance de ce premier bloc de 13 matchs, qui est lourd, qui est dur à encaisser en termes de fatigue. Mais c’est vrai que plus ça va, plus ces affiches sont « galvaudées », même si je n’aime pas ce mot. Et c’est sûr que pour le téléspectateur et pour le diffuseur, c’est frustrant de ne pas voir les deux meilleures équipes. Dimanche, il n’y aura pas toutes les forces vives à Bordeaux mais l’enjeu reste le même, car chaque point est bon à prendre. Et même s’ils font quelques rotations, les Bordelais ne vont pas se gêner s’ils peuvent aller prendre un, deux ou quatre points à Toulouse. Il faut comprendre qu’une saison avec les 23 meilleurs types à chaque fois, ce n’est pas possible. Une équipe, c’est un effectif de 35-40 joueurs qu’il faut faire tourner. Il faut bien que tout le monde fasse avancer l’équipe. A un moment donné, il faut être sur le terrain pour ça.

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Une préparation plus courte

Ces deux équipes ont eu une préparation assez courte aussi après s’être retrouvées en finale. Cela joue-t-il ?

L.P. : Quand tu t’arrêtes le 28 juin alors que les autres ont fini début juin, tu as forcément un décalage dans ton projet en suivant. Toulouse et Bordeaux ont peut-être trois semaines de retard sur les autres équipes, au niveau de la préparation physique et peut-être aussi des repères techniques et tactiques. Même si les deux effectifs n’ont pas connu de grands chamboulements, quand on se retrouve après 4 ou 5 semaines, il faut réapprendre à se trouver, à jouer ensemble . Il faut aussi s’approprier les modificatifs dans le plan de jeu. Tout ça demande un peu de temps et peut expliquer les petits accrocs qu’on peut voir chez les deux équipes sur le début de saison.

Quel est votre pronostic ?

L.P. : C’est délicat. J’ai envie de dire Toulouse, de par la nécessité d’un résultat, le fait qu’ils soient à domicile, qu’ils ont besoin aussi de faire un match abouti. Oui, vu le contexte de ce match, je dirais qu’il y a un petit avantage pour Toulouse. Ceci dit, malgré le fait qu’il n’y aura pas Jalibert ou Bielle-Biarrrey sur le terrain, Bordeaux amènera quand même des joueurs de qualité et une équipe capable de gagner n’importe quel match. Donc, je vois un match assez sympa au final. Et sans dire qui gagne ou qui perd, un léger avantage pour Toulouse. Je ne m’engage pas trop ! (sourire).

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