Contemporain d’Eugène Boudin, Gabriel Loppé est né une quinzaine d’années avant les principaux peintres impressionnistes. Se spécialisant très tôt dans la peinture de montagnes, il développa une esthétique assez différente de ses contemporains, certainement en raison des sujets représentés, qui n’étaient pas encore très fréquents au XIXe. Ce n’est en effet que dans la seconde moitié de ce siècle que se développa le tourisme alpin, un phénomène d’ailleurs contemporain de l’apparition des séjours à la plage et des bains de mer qui, eux aussi, intéressèrent les peintres (voir par exemple cet article).

L’alpinisme, en revanche, n’a jamais été une activité de masse, pour des raisons évidentes, et cela était encore plus vrai à l’époque. Loppé fut un des rares peintres à se rendre pour la première fois sur les crêtes et les glaciers afin de peindre directement ce qu’il y voyait. Alors que beaucoup de paysagistes travaillaient en réalité en atelier, lui allait réellement sur place avec son matériel afin de peindre, parfois dans des conditions météorologiques compliquées. Quand il développa également une activité de photographe, technique qu’il avait découverte en escaladant le mont Blanc avec les frères Bisson, il devait forcément monter aussi avec le matériel nécessaire à cette activité.



1. Gabriel Loppé (1825-1913)

Col della Loccie depuis le Weissthorn, 1886

Huile sur carton

Collection Amis du Vieux Chamonix

Photo : Didier Rykner
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2. Gabriel Loppé (1825-1913)

Vers le Mont Blanc, arrivée aux Grands Mulets, 1869

Huile sur carton – 40 x 30 cm

Collection particulière

Photo : Didier Rykner
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L’exposition du Musée des Ursulines est riche en tableaux de très haute qualité. Loppé est un maître dans la représentation de l’atmosphère et des couleurs propres à la montagne, notamment par temps couvert, pluvieux et orageux (ill. 1). Il sait comme personne représenter les paysages enneigés ou…