Par

Ivan CAPECCHI

Publié le

10 oct. 2025 à 16h14

Réunis durant plusieurs mois, cent habitants tirés au sort ont rendu, jeudi, leur verdict sur le futur tracé du tram nord, un projet qui a été brutalement stoppé en décembre 2024 après que la commission d’enquête publique a rendu un avis défavorable. Leur rapport, remis à l’Eurométropole de Strasbourg, dessine une ligne qui relierait directement le quartier des Écrivains à la place de Haguenau, tout en traversant le cœur de Schiltigheim.

L’option privilégiée passe par la route de Bischwiller, avec une desserte des lieux clés de Schiltigheim (mairie, médiathèque, commerces).

Ce tracé permettrait également d’accompagner la transformation du site Heineken, le brasseur ayant programmé son départ d’ici la fin de cette année.

Le tracé retenu par la convention citoyenne pour la partie nord.
Le tracé retenu par la convention citoyenne pour la partie nord. (©DR)Un prolongement vers Hoenheim à terme ?

Au nord, la ligne s’arrêterait à Bischheim dans un premier temps, avec la possibilité d’un prolongement ultérieur vers Hœnheim et la création d’un parking relais.

Les citoyens ont jugé l’extension immédiate trop coûteuse et peu adaptée à la densité de population actuelle.

La partie centre du tracé également évoquée

Comme demandé par la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg, la convention citoyenne s’est focalisée sur la partie nord du tracé. Elle s’est cependant exprimée sur la partie centre, sans trancher définitivement à ce stade.

Elle privilégie, à 86 % des voix, une entrée par la rue du Faubourg-de-Pierre, qui offrirait une liaison directe et efficace.

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Deux autres options – par la gare ou via la Neustadt (avenue des Vosges, secteur Clemenceau/Kablé) – restent à l’étude.

La convention citoyenne, un gâchis de temps et d’argent pour l’opposition

Ce vendredi en conférence de presse, Pierre Jakubowicz, conseiller municipal d’opposition candidat aux élections municipales de 2026, et Thibaud Philipps, vice-président de la Région Grand Est en charge des Transports, ont continué de questionner l’utilité de la convention citoyenne.

Selon eux, elle représente un gâchis de temps et d’argent public, un « OCNI, Objet de communication non identifié », ironise même Pierre Jakubowicz. Bref, un dispositif illégitime, là où il aurait fallu s’appuyer sur les plus de 7 000 contributions faites dans le cadre de l’enquête publique, un processus éprouvé et reconnu, plaide-t-il.

Concernant le tracé au nord proposé par la convention citoyenne, Pierre Jakubowicz le trouve « pertinent, intelligent en termes de desserte d’équipements publics et de futurs foyers de population », tout en rappelant que Catherine Trautmann, qui vient de se déclarer candidate aux prochaines municipales, ou l’association Col’Schick ont déjà proposé des tracés similaires, ce qui constitue, là encore, une perte de temps à ses yeux.

Thibaud Philipps, vice-président de la Région Grand Est en charge des Transports et Pierre Jakubowicz, conseiller municipal d'opposition (Horizons),
Thibaud Philipps, vice-président de la Région Grand Est en charge des Transports et Pierre Jakubowicz, conseiller municipal d’opposition (Horizons), ont donné une conférence de presse ce vendredi pour redire leur opposition à la convention citoyenne en tant que méthode de travail. (©Ivan Capecchi / Actu Strasbourg)Réévoquer l’avenue des Vosges ? « C’est absolument inacceptable »

Entre autres choses, Pierre Jakubowicz n’en revient pas que, pour la partie centre du tracé, celui par l’avenue des Vosges ait été de nouveau évoqué par la convention citoyenne, bien que ce ne soit pas le scénario privilégié par cette dernière. « C’est absolument inacceptable […]. S’il y a bien un point sur lequel le rapport d’enquête publique n’ouvrait pas de débat, c’était le fait que le tram nord passe par l’avenue des Vosges », s’agace-t-il.

Effectivement, la commission d’enquête s’était montrée très réservée concernant le passage par l’avenue des Vosges, s’inquiétant d’un déclassement Unesco potentiel, d’une circulation dégradée et évoquant les craintes des habitants liées à la suppression du stationnement.

Nouvelle base de travail pour l’Eurométropole

Dans ses recommandations, la convention citoyenne insiste sur l’équité territoriale, la performance du tram et la nécessité de concilier les usages : piétons, cyclistes, mais aussi automobilistes, là où les commissaires enquêteurs les trouvaient parfois lésés dans la première mouture du projet.

Elle appelle aussi à penser l’intermodalité, avec des parkings relais, et à intégrer le projet dans une stratégie plus large d’adaptation climatique.

Ce tracé citoyen constituera désormais la base du projet retravaillé que l’Eurométropole devra soumettre de nouveau à la concertation et à l’enquête publique… à moins que les élections municipales ne viennent tout remettre à plat, comme le craignent MM. Philipps et Jakubowicz.

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