Par
        
            Julien Sournies
        
Publié le
11 oct. 2025 à 6h12
Quand on arpente la rue du Général-Foy, réputée autrefois pour ses boutiques florissantes, le nombre de cellules commerciales vides ne cesse de pulluler au fil des passages dans le centre-ville de Saint-Étienne. Ces derniers mois, en particulier au cours de l’été, plusieurs commerces stéphanois de l’hypercentre ont en effet mis la clé sous la porte, principalement en raison d’une criante baisse de fréquentation.
Et forcément, pour les commerçants « rescapés », l’ambiance générale est loin d’être au beau fixe.
« La situation prête à devenir pessimiste, c’est sûr »
Selon les derniers chiffres de Codata, société spécialisée dans la collecte de données, le taux de vacance commerciale dans le centre-ville stéphanois est passé de 14 à 17,2 % entre 2016 et 2024. « Il faudrait être aveugle pour dire que la fréquentation dans le centre-ville n’a pas baissé ces dernières années. Forcément, l’avenir fait peur pour nous », lâche d’emblée Nathalie*, responsable de la boutique de prêt-à-porter Ana Capri, installée sur la rue Alsace-Lorraine depuis près de trois décennies.
Si la commerçante admet avoir connu « des jours bien meilleurs », celle-ci souhaite néanmoins rester optimiste. « La situation prête à devenir pessimiste, c’est sûr. Mais j’ai quand même du mal à croire à l’existence d’un centre-ville sans commerces. De toute façon, je pense qu’il faut rester positif, car sinon ça ne sert à rien de se lever le matin pour aller travailler », poursuit-elle.
    
    La boutique Adidas, située rue Alsace-Lorraine, va définitivement fermer le 20 octobre. (©Julien Sournies / actu Saint-Etienne)
À quelques encablures de sa boutique, le constat est évidemment diamétralement opposé chez Adidas. À l’intérieur, les quelques employés restants du mastodonte allemand, barricadé avec des planches en bois, scellent les derniers cartons avant de définitivement quitter les lieux, le 20 octobre prochain.
« Pour moi, il n’y a pas d’avenir, c’est foutu »
Si la rue Alsace-Lorraine n’est, elle aussi, pas épargnée par des fermetures, la situation est d’autant plus préoccupante au sein de la rue du Général-Foy. « On sent bien que le centre-ville est hyper délaissé. Comme je disais l’autre jour à un collègue qui est venu, pour moi, il n’y a pas d’avenir, c’est foutu », regrette Virginie Legat, responsable du magasin Undiz, lequel fait d’ailleurs face au cadavre de l’ancienne boutique Tezenis, fermée depuis le 8 février.
Quand on regarde autour de nous, il y a quasiment autant de boutiques fermées qu’ouvertes. C’est vraiment mort.
Virginie Legat
Responsable d’Undiz
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Si elle « s’en sort plutôt bien par rapport à certains », la commerçante affirme ne plus se fixer d’objectifs de ventes. « Je ne réalise pas les objectifs que j’avais il y a sept ans, quand j’ai ouvert, ça, c’est certain », confie-t-elle.
    
    Les locaux de l’ancienne boutique Tezenis sont toujours inoccupés huit mois après sa fermeture. (©Julien Sournies / actu Saint-Etienne)
Selon les commerçants, cette désertification est principalement due aux développements des centres commerciaux et à la hausse des achats en ligne. À cela, les boutiques encore existantes ne sont par ailleurs peut-être pas aussi attrayantes qu’autrefois.
« Zara, H&M, toutes ces boutiques, c’est ça qui attire les gens, mais elles vont toutes chez Steel. L’autre jour, certains commerçants disaient qu’il faudrait essayer d’attirer Shein dans le centre, car ça ramènerait du monde. Mais bon, si c’est pour tuer les autres boutiques environnantes… », relate amèrement Virginie.
« C’est catastrophique »
Juste à côté, chez Devred 1902, boutique spécialisée dans les vêtements et accessoires pour hommes, la joie n’est pas au rendez-vous. « C’est catastrophique. On a beaucoup moins de fréquentation et moi, j’ai peur qu’on soit un jour amené à fermer », Cécilia Gutsche, responsable de la boutique.
« Par jour, on fait moins de 2 000 euros. Les week-ends, peut-être un peu plus, mais ça reste quand même moins qu’avant. Dernièrement, on a certes atteint le chiffre d’affaires qu’on s’était fixé, mais durant plusieurs mois, on était clairement en dessous », poursuit-elle.
    
    L’enseigne Pimkie, installée sur la rue du Général-Foy, va fermer ses portes en mars prochain. (©Julien Sournies / actu Saint-Etienne)
Même si la municipalité stéphanoise a dernièrement prolongé d’un an les mesures visant à favoriser le commerce (gratuité du stationnement, animation, éclairage public), une bonne partie des professionnels du commerce restent sceptiques. D’autant que, selon nos informations, un nouveau voisin de la rue du Général-Foy, l’enseigne Pimkie, va à son tour baisser définitivement le rideau en mars prochain.
(*) : le prénom a été modifié.
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