« Une situation complexe de travail au sein de la CCI d’Ille-et-Vilaine, voire une ambiance délétère qui ont un impact sur la santé. » Les propos émanent de l’ancien président de la CCI Bretagne, Jean-François Garrec. Dans ce mail envoyé en novembre 2021, il explique pourquoi il a renvoyé l’ancien directeur de la CCI d’Ille-et-Vilaine. La situation s’est-elle améliorée depuis ?
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Plusieurs cas de salariés en souffrance ont en tout cas été identifiés ces dernières années, dans les différentes composantes de la CCI régionale, qui englobe celles des quatre départements de la Bretagne administrative. Particulièrement dans le Finistère et au siège régional, à Saint-Jacques-de-la-landes.
Sentiment de malaise
« J’ai fait un burn-out en 2020, j’étais surchargé de travail, j’ai fini par tomber dans un épuisement professionnel », témoigne Jean1, licencié pour inaptitude après 35 ans de boîte. Anne1, salariée de la CCI Bretagne entre 2010 et 2019, dénonce elle aussi une « surcharge de travail » et une ambiance de « flicage ».
« Les temps de pause étaient surveillés. Pas chronométrés certes, mais beaucoup de monde s’en plaignait. L’ambiance était mauvaise et si le manager était à proximité, les échanges étaient très factuels et extrêmement rapides. » Des témoignages comme ceux-ci, Le Mensuel en a recensé près d’une dizaine. Ce sentiment de malaise reflète-t-il une réalité objective ? Difficile à établir. Néanmoins, en dix ans, deux rapports ont été émis en raison du mal-être à la CCI.
Des indicateurs qui se dégradent
Le premier, émanant du cabinet Montgolfière management, date de 2015. Il évaluait à 2,5 sur 4 le « niveau de risques psychosociaux », qui traduit une « situation préoccupante de flous dans les repères habituels » débouchant sur des « cas de burn-out et de dépressions ». Huit ans plus tard, l’Association santé travail (AST) 35 est intervenue suite à une sollicitation du médecin de travail. Selon l’AST, au sein du service comptabilité, deux personnes ont fait l’objet de longs arrêts de travail en lien avec des surcharges de travail, dans un contexte où la directrice administrative et financière était déjà elle-même en arrêt pour les mêmes raisons. Le rapport de l’AST décrit notamment une « instabilité » progressive et « un manque de reconnaissance ».
En 2024, les indicateurs, parues dans un rapport 2025 du CSE, ne montraient pas de réelles améliorations. Le chiffre des départs annuels est passé de 151 en 2021 à 169 en trois ans, pour un effectif total de 837 personnes. Malgré une baisse du nombre de salariés, le nombre de jours d’absence a bondi de 20 %, tandis que celui des arrêts-maladie a augmenté de 8 % entre 2021 et 2024. Notamment ceux liés à des « accidents de trajet, du travail ou des maladies professionnelles » (+ 18 %). Les démissions ont, elles, doublé (20 en 2021 à 40 en 2024).
Qu’en dit la direction ? Contactés à plusieurs reprises depuis deux mois, nos interlocuteurs sont restés muets « C’est la maison du secret », relevait, en juin, une salariée de la CCI du Finistère. Comme un vent d’omerta qui semble souffler de Brest à Rennes.
1 Les prénoms ont été changés.
