PORTRAIT – Loin des paillettes de Hollywood, Nicole Flender mène une carrière florissante dans l’immobilier new-yorkais de luxe. Et suit celle de ses enfants d’un œil vigilant, tout en conservant une saine distance avec la célébrité de son aîné.
Par un après-midi pluvieux et gris de mars, Nicole Flender guide un couple d’Italiens à la recherche d’un pied-à-terre à Manhattan, dans un appartement au 17e étage surplombant Times Square. «D’habitude, la lumière est excellente», souffle cette «petite agente immobilière en UGG», comme la décrit le média américain Curbed, tandis que ses clients observent, par la fenêtre, une immense enseigne néon Krispy Kreme qui brille à travers le brouillard. Ce qu’ils ignorent probablement, c’est qu’ils sont accompagnés par la mère de l’une des plus grandes stars hollywoodiennes actuelles : Timothée Chalamet.
Agent (presque) incognito
Voilà plus de dix ans que Nicole Flender travaille chez Corcoran, grande agence immobilière de luxe basée à New York. Rien ne l’y destinait pourtant. À l’époque, elle postule en tant qu’agent immobilier à la suite d’une offre de poste repérée par son mari, Marc Chalamet, journaliste français freelance, aujourd’hui également employé par l’ONU. Les premiers essais sont concluants, le charme opère. «J’étais douée en vente», confie-t-elle à Curbed, la rubrique consacrée à l’immobilier du New York Magazine.
Sa première transaction est un coup de maître : il s’agit de l’appartement à 1,5 million de dollars de Jerry Bock, compositeur de comédies musicales de Broadway célèbre pour Un violon sur le toit. Nicole Flender avait son contact «grâce à des relations». Rien à voir donc avec la carrière au cinéma de ses deux célèbres enfants, «Timmy et Pauline».
Depuis, Nicole Flender s’est fait un nom dans l’immobilier de luxe. Son conseil pour percer ? «Il faut être avenant et aimer parler aux gens. C’est un peu comme monter un spectacle», explique-t-elle tout en comparant le stress de rencontrer des clients dans l’immobilier à celui de décrocher des rôles d’actrice. Une analogie qui prend tout son sens au regard de son parcours professionnel.
L’art dans le sang
Nicole Flender baigne dans l’art depuis toujours. Son père, Harold, était un comédien et romancier dont le livre Paris Blues a été adapté au cinéma en 1961, avec Sidney Poitier (le premier acteur noir et le premier Bahaméen à remporter l’Oscar du meilleur acteur), Paul Newman et Joanne Woodward dans les rôles principaux. Sa mère, Enid, était danseuse à Broadway. Quant à son frère, Rodman, il fut un temps un enfant star avant de devenir scénariste et réalisateur. De son côté, Nicole Flender emprunte, elle aussi, la voie artistique. Après des études à Yale, elle danse au sein de compagnies qui tournent avec des représentations de comédies musicales telles que Hello, Dolly! et A Chorus Line. Mais l’Américaine est bien déterminée à avoir plusieurs cordes à son arc. Elle obtient ainsi un master en littérature française à l’Université de New York, qui la conduit même à vivre à Paris quelque temps où elle enseigne l’anglais. Est-ce là qu’elle rencontre son futur mari, Marc Chalamet ? On n’en saura pas plus. Toujours est-il qu’en 1985, le mariage a lieu. La bague au doigt, le couple s’installe dans un appartement au cœur de New York.
Un premier enfant voit le jour le 25 janvier 1992 : il s’agit d’une petite fille. Elle s’appelle Pauline. Puis, la famille s’agrandit le 27 décembre 1995 avec la naissance, cette fois-ci, d’un petit garçon prénommé Timothée. Depuis Manhattan, les enfants Chalamet vivent «la même enfance citadine que Nicole et son frère». Après les cours au lycée LaGuardia, à deux pas du Lincoln Square, ils enchaînent les classes de danse et les castings. Quand ils ne passent pas leur soirée à regarder des spectacles dans les théâtres de Broadway. «On savait qu’ils avaient du talent, mais on s’est toujours dit : on verra bien», raconte Nicole Flender avec pragmatisme à propos de la carrière de ses enfants.
Timothée Chalamet et Nicole Flender à la 90e cérémonie des Oscars. (Le 5 mars 2018.)
ABACA
Une «mère de» qui garde les pieds sur terre
Contrairement à certaines «momagers» hollywoodiennes, Nicole Flender n’arrêtera jamais de travailler pour gérer la carrière de ses enfants. Bien au contraire. Pendant les jeunes années de Pauline et Timothée, la mère de famille enseigne la danse, écrit pour des magazines d’arts du spectacle et joue occasionnellement les actrices. Ce qui ne l’empêche pas d’intervenir quand elle le juge nécessaire, comme lorsque Pauline est rétrogradée de rôle principal à figurante sur le tournage de la série Royal Pains. Nicole Flender contacte alors le syndicat SAG-AFTRA, qui défend les acteurs, et obtient une modification du contrat : «Elle a eu des droits résiduels pendant des années.»
Aujourd’hui, ses deux enfants ont pris leur envol. Timothée Chalamet est devenu un acteur incontournable de Hollywood et a récemment acquis une maison à Beverly Hills pour 11 millions de dollars. «S’il m’a demandé conseil ? Non», s’amuse sa mère à Curbed. «Il a dit : « Devine quoi ? J’ai acheté une maison. »» La star de Dune vit désormais sur la côte ouest, non loin de chez sa petite amie, Kylie Jenner, que Flender trouve «adorable». «Elle est très gentille avec moi», lâche-t-elle.
De son côté, Pauline Chalamet est devenue maman pour la première fois il y a quelques mois et s’est installée à Paris. Malgré les distances, Nicole Flender n’a nullement l’intention de quitter New York pour suivre ses enfants. «Vous aimeriez que votre mère vous suive partout ?», tranche-t-elle. «J’aime pouvoir aller leur rendre visite.»
«Appels et des courriels étranges»
Si sa notoriété par procuration lui vaut parfois «des appels et des courriels étranges» de personnes demandant des autographes, Nicole Flender poursuit sa carrière avec professionnalisme. «Un type m’a appelée pour me vendre un très bel appartement sur la 53e [rue]. Je lui ai demandé : « Comment m’avez-vous trouvée ? », et il m’a répondu : « J’aime les films de votre fils »», raconte-t-elle.
Entourée de ses collègues de Corcoran – «un groupe de mères de famille de Manhattan, dont beaucoup en sont à leur deuxième ou troisième carrière» – Nicole Flender s’est forgé une identité professionnelle bien au-delà de son statut de «mère de». À côté, elle enseigne d’ailleurs toujours comme remplaçante dans les écoles publiques et a récemment joué dans un court métrage sur un ornithologue amateur à Central Park. Le cinéma n’est jamais vraiment loin.
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