Rassurés par leur début de saison, les Parisiens attendent de valider leur renouveau ce samedi contre La Rochelle avant de se réjouir. Mais les raisons d’y croire ne manquent pas.

Le pire n’est jamais certain. Demandez au Stade Français. À la peine toute la saison dernière, on prédisait au club parisien une nouvelle année difficile, à lutter pour le maintien. Alors, quand on bout de cinq journées de Top 14, on retrouve les Soldats roses à la 2e place du classement, la tonalité change. Bonne surprise, retour au sommet, promesses pour l’avenir. L’emballement est à la hauteur du pronostic initial.

Ce changement radical d’optique ne trompe cependant pas les Parisiens. À l’image de l’entraîneur en charge de l’attaque, Morgan Parra. «On est très prudent, s’agacerait presque l’ancien demi de mêlée du XV de France. On est content mais on ne s’enflamme pas. On sait d’où on vient. On sait qu’il faut encore travailler pour valider la victoire à Perpignan. Aujourd’hui, on n’a aucune certitude. Tout est fragile. On n’en est qu’à la 5e journée. Peut-être qu’à la 11e on jouera le maintien… On est mieux mais on espère un gros match dans tous les secteurs ce samedi face aux Rochelais. On verra alors si on est dans le vrai…»

On est allé chercher des points importants à Perpignan, mais ce n’est pas une finalité. Si tu valides à domicile, là oui, ce sera fondateur »

Morgan Parra, entraîneur des trois-quarts parisiens


Passer la publicité

Les Parisiens ont trop souffert la saison dernière, échappant d’un rien, lors de la dernière journée de la saison régulière, au périlleux Access Match contre le prétendant de Pro D2 à la montée, pour se voir trop beaux. Le jeu offensif qui paraît plus emballant ? «On fait un peu plus de passes, concède Morgan Parra. On est dans le bon tempo mais on sait que ça reste très fragile.» Et de se montrer, logiquement, plus exigeant. «On veut toujours plus. Mais il y a déjà une évolution. Les joueurs prennent les choses en main. Il faut garder cette stabilité tout en perfectionnant le jeu étape après étape.»

Le technicien n’en démord pas. Cette réception des Rochelais dans le dur en ce début de saison, et donc en quête de réaction, va faire office de juge de paix. Une nouvelle victoire, la 4e en six journées, confirmera les progrès du Stade Français. La rechute, en revanche, le ferait rentrer dans le rang. «La Rochelle est un gros morceau. J’ai mis les joueurs en garde. Notre adversaire connaît les grands rendez-vous, sait répondre dans la difficulté. On verra contre lui si on est dans le vrai. On est allé chercher des points importants à Perpignan, mais ce n’est pas une finalité. Si tu valides à domicile, là oui, ce sera fondateur», résume Morgan Parra.

Un staff loyal à forte consonance anglo-saxonne

Mais comment expliquer cette métamorphose entrevue depuis le début de la saison ? L’entraîneur fait la moue, hésite à répondre, se contente de notions floues. Il constate «de l’application, des joueurs concernés, avec un autre d’état d’esprit». «Il y a beaucoup de choses qui changent», consent-il à lâcher du bout des lèvres quand il est relancé sur le sujet. «Des changements dans le staff avec un nouveau manager ‘’entier’’ (l’Anglais Paul Gustard, qui avait été promu en cours de saison dernière, NDLR), un nouvel entraîneur de la défense (Rory Kockott), de la mêlée (Perry Freshwater)… Mais rien de révolutionnaire.»

Il laisse le soin aux autres d’être plus précis. De souligner qu’il est le seul rescapé parmi les adjoints de la saison dernière, Paul Gustard ayant eu les coudées franches pour constituer un staff qui lui est (enfin) loyal, et à forte consonance anglo-saxonne (en plus de Freshwater, Néo-Zélandais naturalisé Anglais et du Sud-Africain Kockott, le préparateur physique, Scott Crean, est Néo-Zélandais et l’entraîneur des skills, Ian Vass est un compatriote). Sans oublier le renfort de Thibaut Nilles, nouveau préparateur mental.

L’arrière international, Léo Barré, préfère, lui, insister sur le nouvel état d’esprit des joueurs. «On s’est remis individuellement en question pour mieux performer cette saison. À nous de conserver cette connexion, ce lien, entre les joueurs qu’on a retrouvé depuis le début de saison. On répond en équipe, et pas qu’en individu. On a plus confiance en nous, en particulier en attaque, et c’est le principal.» De quoi voir l’avenir en rose ? «Pour l’instant, je touche du bois, on est sur une bonne dynamique. Si on valide ce week-end, on conservera cette euphorie», se projette Léo Barré qui souligne que le large succès à domicile face à l’UBB «a fait du bien à la tête».


Passer la publicité

Un recrutement minimaliste mais bien ciblé

Ce renouveau se voit particulièrement chez quelques joueurs en difficulté la saison dernière et qui semblent enfin répondre aux attentes depuis un mois, comme l’ouvreur Louis Carbonel ou le troisième-ligne Yoan Tanga. Dernier volet du renouveau, le recrutement. Minimaliste mais bien ciblé. Ainsi les centres Tani Vili et Noah Nene (retour de prêt pour ce jeune talent), ou les… ex-Rochelais Thierry Païva (pilier) et Tawera Kerr-Barlow. Ce dernier, fort de son expérience (ex-All Black, double champion d’Europe avec les Maritimes) a pris les choses en main. Nouveau patron de la légion aux éclairs. «Paul Gustard souhaitait que j’apporte un peu de maturité et de leadership, parce que le Stade français est une équipe assez jeune.»

Arrivé à l’intersaison après huit saisons à La Rochelle, le demi de mêlée néo-zélandais de 35 ans appuie cependant le discours de prudence. «Nous avançons dans la bonne direction, en essayant de renforcer la culture existante ici. Mais le Top 14, c’est une saison très longue. Donc gardons les pieds sur terre.» Le leitmotiv dans les rangs des Soldats roses. Ne pas se croire à l’abri parce que le Stade Français est la première équipe à avoir ramené un bonus offensif à l’extérieur cette saison.

Je suis content de la direction prise par l’équipe

Paul Gustard, manager du Stade Français Paris

«Je suis content de la direction prise par l’équipe, résume Paul Gustard. Mais l’important, c’est de garder les deux pieds au sol. Je ne regarde jamais le classement. L’important, à mes yeux, c’est de se concentrer sur le process. Cette saison, tous les mecs sont alignés et il y a un bon équilibre, une bonne balance entre le plaisir et le travail. On doit prolonger cet état d’esprit.» La meilleure manière, après avoir longtemps galéré, de viser désormais plus haut.