ÉTATS-UNIS – Et quand il n’y en a plus, eh bien il y en a encore. Les journalistes et les médecins ont beau être habitués aux théories farfelues de Robert Kennedy Jr. (RFK) sur les causes de l’autisme, ses propos lunaires lors d’un conseil des ministres à la Maison Blanche le jeudi 9 octobre ont fait réagir plusieurs médias outre-Atlantique.

Le ministre de la Santé américain et Donald Trump lui-même ont enchaîné les analyses infondées, répétant que l’autisme pouvait être causé par la prise de paracétamol et incriminant… la circoncision. « Des études montrent que les enfants circoncis précocement ont deux fois plus de risques d’être autistes », a notamment clamé RFK, avant d’ajouter que « cela est très probablement dû au fait qu’on leur administre du paracétamol ».

Une « épidémie d’autisme », comme l’affirme Robert F. Kennedy Jr ? On fait le point

Des propos immédiatement dénoncés par les experts dont Helen Tager-Flusberg, professeure à l’Université de Boston interrogée par l’AFP. « Rien de tout ça n’a de sens », a fustigé cette spécialiste de l’autisme. D’après elle, il n’existe pas d’étude scientifique solide concluant que la circoncision d’un enfant ou sa prise de paracétamol puisse favoriser le développement d’un trouble autistique.

RFK admet qu’il n’a pas de « preuve » mais dit qu’il va en trouver

Le Tylenol, un médicament à base de paracétamol vendu en Amérique du Nord, est dans le collimateur de l’administration républicaine depuis plusieurs semaines. Donald Trump a redit jeudi -contre l’avis des médecins- qu’il ne fallait pas en donner ni aux enfants, ni aux femmes enceintes. En septembre, le président américain avait déjà fait le lien entre la prise de paracétamol pendant la grossesse et le développement de l’autisme.

Une analyse qui va contre le consensus scientifique, ce qu’a reconnu RFK. Lors d’une prise de parole improbable épinglée par le HuffPost US, le ministre de la Santé a reconnu ne pas avoir de « preuve » que la prise de paracétamol lors de la grossesse cause l’autisme. « Nous menons des études pour établir cette preuve », a-t-il ajouté, comme vous pouvez le voir dans la séquence (en anglais) ci-dessous.

« Il est bien connu que la méthode scientifique nous indique de prédéterminer une conclusion, puis de mener des études pour “en apporter la preuve” », a répliqué Michelle Au, élue démocrate de Géorgie et médecin anesthésiste, dans un message sur X. Comme le rappelle l’AFP, des études ont suggéré « la possibilité d’un lien » entre la prise de paracétamol et le développement de l’autisme par le fœtus, mais ce lien n’a « pas été avéré scientifiquement » et « l’analyse la plus solide à ce jour l’écarte même ».

« Il ne sait pas ce qu’est le placenta »

Une autre séquence lunaire a retenu l’attention des médias américains. RFK a évoqué le cas d’une vidéo TikTok qui montrait, d’après lui, une femme enceinte en train d’« engloutir du Tylenol » alors qu’elle « portait un bébé dans son placenta », le tout en insultant Donald Trump. « Le syndrome de dérangement anti-Trump a désormais quitté la sphère politique pour entrer dans le domaine de la pathologie », a-t-il affirmé.

Premier problème : le ministre de la Santé ne comprend visiblement pas grand-chose à l’anatomie d’une personne enceinte. Comme le souligne le Washington Post, le fœtus ne se développe pas dans le placenta, mais dans l’utérus. La confusion des deux a valu à RFK les moqueries du HuffPost US, selon qui « on dirait bien qu’il ne sait pas ce qu’est le placenta ».

Le média en ligne indique également avoir retrouvé la vidéo TikTok évoquée par le ministre de la Santé. Ce clip viral repris par le média pro-russe Russia Today est assez différent de la description faite par RFK. La femme enceinte qui y apparaît n’insulte pas Donald Trump et ne le mentionne même pas. Sur la vidéo, elle ne consomme qu’un seul cachet de Tylenol, loin de l’« engloutissement » évoqué par le proche du président américain.

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