Le tournage de la saison 2 d’Immeuble partagé s’est déroulé pendant une dizaine de jours à Saint-Étienne. Lundi après-midi, nous avons pu nous rendre sur le plateau et visiter les décors installés dans la fosse de l’ancien Palais des spectacles (les extérieurs sont tournés sur le site de l’habitat participatif des Castors du Crêt-de-Roc).
En fin de journée, on a discuté avec Andréa Ferréol, l’actrice la plus expérimentée de la distribution. Nommée deux fois dans la catégorie de la meilleure actrice dans un second rôle (pour Les Galettes de Pont Aven de Joël Séria en 1976 et Le Dernier métro de François Truffaut en 1981), celle qui fut la compagne d’Omar Sharif a été dirigée par de nombreux réalisateurs durant sa carrière, de Jean-Pierre Mocky à Robert Enrico en passant par Yves Boisset et Ettore Scola.
Comment vous vivez cette aventure d’Immeuble partagé avec des acteurs porteurs de handicap ?
« Je la vis très bien ! Quand je me retrouve à côté de Théo Curin (le nageur qui faisait partie de l’équipe de France de natation handisport) par exemple et que je vois comment il fait pour manger… Je me dis mais quel courage, quelle force, quelle volonté ! Quand je vois Agathe Pauli (athlète de para-natation), elle est gaie, radieuse, souriante…
Ça nous apprend beaucoup sur nous qui sommes apparemment “normaux” et qui arrivons toujours en disant : “j’ai mal ici, j’ai mal là, j’ai mal dormi…”. On se plaint tout le temps et eux ne se plaignent jamais. Ils vont de l’avant et ne veulent pas être aidés. Ils s’affirment et je les admire beaucoup. Ça apprend l’humilité. »
« Compréhension, compassion, amitié et ouverture »
Dans cette série, vous êtes l’actrice la plus expérimentée de la distribution. Est-ce que vos partenaires vous sollicitent pour des conseils ?
« Non, ils ne me demandent rien parce qu’ils sont quand même très forts. Ils assument bien leur rôle, ils foncent dedans. Ils sont en confiance avec les metteurs en scène et avec leurs personnages. Ils se préparent beaucoup et sont très consciencieux. Ça me gênerait qu’ils me demandent des conseils. »
C’est la promotion du « vivre ensemble » qui vous a le plus séduit dans ce projet télévisuel ?
« Oui. J’ai une amie d’enfance, aujourd’hui décédée, qui m’avait dit un jour : « Tu sais, on vieillit, pourquoi on n’achèterait pas quelque chose ensemble, grand, pour qu’on ait une grande pièce à vivre, chacun sa salle de bain, chacune sa chambre et au moins, quand on sera plus vieilles, il y aura toujours quelqu’un l’un pour l’autre ». Vous voyez, ça se réalise maintenant parce qu’il y a des endroits qui le font ici à Saint-Étienne et nous, on le tourne. »
Entre Le Dernier métro, La Grande Bouffe et Les Galettes de Pont-Aven, quelle place vous allez donner à cet immeuble partagé dans votre filmographie ?
« Une place de découverte, de compréhension, de compassion, d’amitié et d’ouverture ! »