L’été avait semblé montrer qu’Enea Bastianini avait passé un cap avec la KTM, une moto dont il admet avoir mis beaucoup plus de temps qu’espéré à s’adapter. Passé quatre fois de suite en Q2, il s’est qualifié en deuxième ligne en Autriche, puis en Hongrie. Il a décroché une médaille au sprint de Brno, puis une cinquième place en course principale au Red Bull Ring, avant de fêter son retour sur le podium en Catalogne.

Et pourtant, le pilote Tech3 a vu sa courbe de progression s’arrêter net sitôt ce trophée ajouté sur une étagère qui en compte 18 autres depuis qu’il a rejoint la catégorie MotoGP, en 2021. Il s’avère qu’en coulisses, il a dû subir le départ soudain de son chef mécanicien de confiance, Alberto Giribuola. Celui-ci ayant été recruté pour épauler Toprak Razgatlioglu à ses débuts chez Pramac l’an prochain, la rupture a été consommé sans attendre, dès Barcelone.

Sur le moment, Bastianini faisait bonne figure, sans toutefois être en mesure d’expliquer ce qui avait pu motiver son acolyte à s’en aller si vite après leurs retrouvailles. « On en avait parlé, il exprimait ce désir depuis le début de l’année », avait-il expliqué quelques jours plus tard, à Misano. « Entre nous, tout allait très bien. Ça a été, je ne dis pas une douche froide mais en tout cas quelque chose qui… Les raisons, c’est à lui qu’il faut les demander. »

« La décision a été prise en KTM et lui », avait également affirmé le pilote italien. « Franchement, je ne sais pas très bien comment ça s’est passé, je sais juste que c’était déjà arrivé dans le passé et ça s’est reproduit maintenant. Ça vaut mieux comme ça, plutôt qu’il soit resté à contre cœur. C’est bien qu’il ait de nouvelles choses qui le stimulent, si c’est ce qu’il veut essayer. »

Il apparaît en réalité que Bastianini, très déçu de la volonté de son chef mécanicien de quitter prochainement le navire, ait souhaité que le divorce soit consommé le plus vite possible. Alberto Giribuola a donc été remplacé par Xavi Palacin, qui travaillait déjà dans le stand Tech3 mais a assumé ce nouveau rôle au pied levé.

Enea et Alberto s’entendaient parfaitement bien, ils formaient une équipe bien coordonnée. Ça a été une situation douloureuse pour Enea.

Trois Grands Prix plus tard, ce changement se fait sentir et Hervé Poncharal regrette que son pilote ait eu à subir cette séparation brutale. « C’est dommage que ça se soit passé comme ça », explique le Français pour GPOne, « parce qu’Enea avait été très rapide à Brno. Il avait terminé troisième du sprint, et le dimanche, jusqu’à sa chute, il se battait pour le podium. Ensuite, Enea a été très rapide en Hongrie aussi, quatrième sur la grille, mais il a été percuté par Quartararo. En Catalogne, il a terminé cinquième du sprint, et le dimanche il a enthousiasmé tout le monde avec sa troisième place. Il se sentait vraiment sûr de lui. »

C’est avec Giribuola que Bastianini a fait ses débuts en MotoGP en 2021, puis décroché la troisième place du championnat la saison suivante, alors sous les couleurs du team Gresini. Les deux hommes se sont séparés une première fois quand le pilote a rejoint l’équipe officielle Ducati et que le technicien a été recruté par KTM. Mais voici donc que leurs chemins se séparent à nouveau.

Enea Bastianini et Alberto Giribuola

Enea Bastianini et Alberto Giribuola

Photo de: KTM Images

« Enea et Alberto s’entendaient parfaitement bien, ils formaient une équipe bien coordonnée. Je comprends donc qu’Enea ait été déçu de cette séparation », poursuit Hervé Poncharal. « Ça a été une situation douloureuse pour Enea. Et les trois derniers Grands Prix ont montré qu’il n’est pas possible de recréer en quelques jours une union aussi parfaite que ne l’était celle d’Enea et Alberto. De plus, cette séparation s’est passée pratiquement du jour au lendemain, il n’y avait aucun plan d’urgence. »

« Maintenant, nous devons faire de notre mieux. Il est compréhensible que notre organisation dans le garage d’Enea ne soit pas aussi fluide qu’elle l’était auparavant. Ça n’est pas un hasard si beaucoup de pilotes de haut niveau veulent travailler avec le même chef mécanicien pendant de nombreuses années. Enea et Giribuola formaient une équipe bien rodée, ils se vouaient mutuellement une confiance aveugle. Je comprends donc qu’Enea ait été très déçu quand cette séparation inattendue a vu le jour. »

« Xavi est quelqu’un de très, très fiable et compétent », souligne Hervé Poncharal au sujet de celui qui travaillait en tant que « track support » jusqu’alors. « Mais quand on prend du jour au lendemain un rôle d’une telle responsabilité, quand on devient soudain responsable de la moto d’Enea Bastianini au lendemain de son podium en Catalogne, on est soumis à une grosse pression. »

« Nous comprenons la décision d’Enea et nous faisons tout notre possible pour l’aider à retrouver le plus vite possible son niveau. Mais il est clair que Xavi Palacin doit progressivement comprendre comment fonctionne Enea et comment il pilote. Quand un tel changement survient au beau milieu de la saison, il faut s’attendre à des contre-temps. »

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