Troisième volet de la saga née en 1982, « Tron: Ares » sorti le 8 octobre établit un pont entre le monde numérique et le monde réel. Visuellement somptueux, mais affublé d’une musique assommante de Nine Inch Nails, le film peine à s’éloigner de ses clichés pour embrasser un vertige qu’il ne fait qu’effleurer.

En 1982, « Tron » de Steven Lisberger imposait une petite révolution cinématographique. Bien avant « Matrix », c’était le premier film à immerger son public au sein du monde informatique, en l’occurrence un jeu vidéo. Et le premier à fabriquer un univers visuel singulier en partie assisté par ordinateur.

Suite tardive sortie en 2010, « Tron: L’héritage » de Joseph Kosinski s’intéressait au fils du héros initial dans un récit qui valait avant tout pour deux éléments primordiaux: un son et lumière d’une beauté aussi glacée que sidérante; l’idée d’un programme capable de se matérialiser dans la réalité.

La créature de Frankenstein

Sur ces bases vieilles de quinze ans, « Tron: Ares » du réalisateur norvégien Joachim Rønning oppose deux figures de la tech contemporaine. D’un côté, Julian Dillinger, un milliardaire vénal et mégalomane, fils à maman et petit-fils du méchant du premier volet, est parvenu à matérialiser, dans le monde réel, toutes formes numériques, grâce à une sorte de grosse imprimante 3D. Mais au bout de 29 minutes, ces incarnations s’autodétruisent. Face à lui, Eve Kim, patronne philanthropique, trouve une ligne de code qui permet de maintenir cette matérialisation pour un temps indéfini.

Dès lors, Dillinger charge un programme baptisé Ares (en référence au dieu de la guerre dans la mythologie grecque) de s’emparer du code dans le monde réel. S’il suit d’abord les directives de son maître, l’esclave numérique s’ouvre peu à peu aux sensations inconnues que soulève en lui la réalité. Et Ares de s’identifier à la créature de Frankenstein désireuse de s’émanciper de son créateur.

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Une suite de péripéties

Ares. Le héros annoncé de ce troisième volet aurait pu hisser la saga vers de nouveaux sommets. On déchante rapidement, dès lors qu’Ares est traité comme un personnage secondaire, noyé dans d’interminables péripéties dont le seul enjeu consiste à mettre la main sur cette fameuse ligne de code.

On espérait un film où une intelligence artificielle, au lieu de chercher à détruire l’humanité, embrassait le vertige de notre réalité, déterminée moins par les calculs de probabilité que par les paradoxes et l’incertitude. Le résultat ne fait qu’effleurer la question, préférant déployer grâce à son gros budget un arsenal d’engins hi-tech (volants ou roulants) utilisés pour les besoins d’une course-poursuite interminable.

Certes, « Tron: Ares » est splendide à contempler, notamment quand les motos et les tracés lumineux, autrefois présents dans le jeu vidéo, se mêlent à notre monde réel (avec, au passage, un clin d’œil à l’animé culte « Akira »). Mais en dehors de sa surface chatoyante, écrasée par la musique assommante de Nine Inch Nails, le film n’a pas grand-chose à montrer.

Note: 2/5

Rafael Wolf/olhor

« Tron: Ares » de Joachim Rønning, avec Jared Leto, Greta Lee, Evan Peters. A voir dans les salles romandes depuis le 8 octobre 2025.