Ce mardi de fin septembre, Charles Compagnon, Carole Gandon et Thomas Rousseau se sont donné rendez-vous. Au programme de ce déjeuner discret dans un restaurant en périphérie de Rennes : leur hypothétique union aux municipales 2026. « On a remis les choses à plat », raconte l’une des personnes attablées. Histoire de dissiper – autant que possible – les tensions des derniers mois. Pour l’heure, c’est peu dire que l’alliance du trio a mal été engagée.
Certes, une partie du chemin est faite. Les deux conseillers municipaux d’opposition Charles Compagnon et Carole Gandon, concurrents au dernier scrutin de 2020, ont déjà officialisé leur tandem. Mais le LR Thomas Rousseau, lui, a pour l’instant choisi de lancer sa campagne en solitaire. Et ne se prive pas de rappeler qu’il est le seul, à cette heure, à avoir été investi candidat par sa famille politique. S’unir ? Oui, mais dernière moi, semble clamer chaque camp de son côté.
La campagne de 2020 a laissé des traces
Officiellement, le rapprochement est en cours. En coulisses, les proches des trois têtes de pont l’admettent : plusieurs obstacles sont à lever. « Il y a un sujet de personnes », confie l’un d’entre eux. « Entre Thomas Rousseau et Charles Compagnon, le courant ne passe pas. » Le premier s’interroge sur les qualités de candidat du second et se verrait mieux en champion de l’opposition réunie. Charles Compagnon, lui, soupçonne le LR de se préoccuper d’abord des intérêts de sa famille politique. Et s’estime plus légitime à porter la liste d’alternance, après avoir travaillé le terrain pendant six ans, quand son concurrent est un nouveau venu sur la scène rennaise.
Pour ne rien arranger, les cicatrices de la campagne de 2020 sont encore sensibles. À l’époque, la composition de la liste de Charles Compagnon avait laissé un goût amer à certains militants LR, s’estimant trop mal placés. « Ils avaient même fait la grève et arrêté de sonner aux portes », se souvient l’une des chevilles ouvrières. Pendant le mandat, le passage chez Horizons du conseiller municipal d’opposition, qui était jusque-là sans étiquette, a fini de nourrir les rancœurs. De l’histoire ancienne, assure-t-on côté LR : « Dans l’équipe, désormais, tout le monde est en phase sur la nécessité de l’alliance ».
Autre blocage à lever : la stratégie. Pour le tandem Compagnon-Gandon, impossible de mettre fin à 50 ans de socialisme sans aller chercher des voix du côté du centre-gauche. Notamment dans les quartiers résidentiels « bobos » et chez les anciens électeurs d’Edmond Hervé. Rousseau, lui, clame « Rennes à droite » et estime que la colère est telle, dans la ville, que certains n’hésiteront pas à glisser dans l’urne le bulletin d’un candidat affichant clairement ses couleurs.
Des ateliers programmatiques en cours
Des divergences que les équipes respectives travaillent en ce moment à gommer, indique-t-on de part et d’autre. En commençant par le programme. Si elles sont d’accord sur le volet sécurité (armement de la police, recrutement d’agents, déploiement de la vidéosurveillance…), quelques points de clivages doivent encore être tranchés. Notamment sur la question du logement social et les subventions aux associations. « On a bon espoir de réussir rapidement car nous n’avons pas de différences majeures sur les questions locales », veut croire une source bien informée.
Restera alors la question qui pourrait bien mettre à terre ce travail : qui pour porter la liste ? Et comment la constituer, cette liste, sans fâcher l’une des nombreuses écuries à satisfaire ? En tout cas, l’union est impérative, estime cette source côté Compagnon-Gandon. « En 2020, trop d’énergie avait été dépensée à se tirer dans les pattes pour se différencier. S’unir, c’est la seule manière d’embarquer du monde pour faire cette campagne et peut-être gagner. Il y a du boulot. »