Le rapport de la Convention citoyenne est à prendre avec des pincettes, future élection municipale oblige. N’empêche, il était très attendu. Les protagonistes de la bataille du tram espérant voir leurs positions renforcées – ou validées a posteriori – par le document. Notre journaliste Marie-Sophie Kormann a pu consulter le en exclusivité. Voyons ça en détail.

L’histoire de la semaine

Eurométropole de Strasbourg — Tram nord  : la Convention citoyenne opte pour la friche Heineken. Le rapport (quasi final) de la Convention citoyenne sur le tram nord, rendu public ce jeudi 9 octobre, clarifie la vision des 100 citoyens mandatés par l’Eurométropole : après la place de Haguenau, le tracé passerait par la route de Bischwiller, longerait la future friche Heineken puis le secteur des Trois-Épis, avant de tourner sur l’avenue du Général-de-Gaulle. Un choix qui coche plusieurs cases : relier le quartier des Écrivains au centre de Strasbourg et au cœur de Schiltigheim (mairie, médiathèque, commerces), toucher davantage d’habitants… tout en préservant la circulation automobile sur la route du Général-de-Gaulle, argument clé pour l’acceptabilité du tracé par les automobilistes.





Les 100 citoyens mandatés par l’Eurométropole ont rendu leur rapport sur le futur tracé du tram nord ce jeudi 9 octobre.   Photo Roméo Boetzlé

Les 100 citoyens mandatés par l’Eurométropole ont rendu leur rapport sur le futur tracé du tram nord ce jeudi 9 octobre.   Photo Roméo Boetzlé

Les « conventionnalistes » – oui le mot existe – posent toutefois des garde-fous : la vitesse commerciale devra battre celle du bus C9, le plan de circulation devra être ajusté dans les quartiers traversés et, « dans la mesure du possible », conserver une voie auto de Strasbourg vers Schiltigheim sur la route de Bischwiller. Un pont serait aussi nécessaire côté Trois-Épis. L’option par la gare de Bischheim est écartée : trop chère (nouveau pont), trop sinueuse (perte de temps).

Côté terminus, le positionnement devra intégrer un P + R facilement accessible depuis l’autoroute pour capter le trafic de la M35 et favoriser l’intermodalité. Du côté d’Hoenheim (rue Anatole-France), le rapport suggère, si besoin, d’exproprier des concessions automobiles plutôt que des riverains, et d’installer un parking photovoltaïque autosuffisant.

En préambule, la Convention juge le projet « utile pour une ville équitable et viable » et demande que ses recommandations structurent le tracé final. Reste une immense inconnue très politique : qui pilotera l’arbitrage après mars 2026 ? En attendant, un point ne varie pas : Heineken cessant la production fin 2025, la grande parcelle appelée à muter en site économique devient le pivot technique… et symbolique… d’un tram relancé. C’était l’option, en gros, de Col’Schick et de Catherine Trautmann, qui doivent jubiler. Mais n’allons pas trop vite en besogne, le conseil municipal de Schiltigheim a adopté cette semaine une mesure de sauvegarde pour tempérer les appétits des promoteurs et garder la main. Le tram est un dossier métropolitain mais la friche Heineken est aussi un dossier schilikois…

L’autre histoire de la semaine

Permis de louer  : les bailleurs grincent déjà des dents. Strasbourg se prépare à expérimenter un permis de louer dans le quartier Gare dès mai 2026 – une mesure obligatoire qui impose aux propriétaires de recueillir une autorisation administrative avant de proposer un bien en location ou en relocation. Le dossier devra être complet – diagnostics, formulaire Cerfa, etc. – et le bailleur, dans la plupart des cas, verra l’agent municipal inspecter le logement avant validation. Une fois le document déposé, l’Eurométropole dispose d’un mois pour accuser réception. À défaut de déclaration, la contravention peut atteindre 15 000 €.

La première salve de protestations vient de la Chambre syndicale des propriétaires immobiliers (CSPI 67) : « Une mesure suspicieuse et vexatoire », disent-ils, qui pénaliserait les bailleurs « rigoureux » tandis que les marchands de sommeil restent hors-radar. La Fnaim 67 se montre plus nuancée : oui à la protection des locataires vulnérables, non à un dispositif qui risque de freiner le parc privé… et donc d’augmenter les loyers. Moins d’investisseurs – moins de logements à louer – tension à la hausse sur les prix. Le débat est lancé : vers une lutte efficace contre les marchands de sommeil… ou vers une nouvelle bureaucratie coûteuse ?

En bref

Le chiffre de la semaine — 10 000

ERA (Éthique et Respect Animal) fête ses 10 ans et son 10 000e chat pris en charge.





Depuis 10 ans, l' association ERA s' occupe de recueillir les chats en difficulté pour s' en occuper avant qu' ils trouvent un foyer d' accueil.   Photo Cédric Joubert

Depuis 10 ans, l’ association ERA s’ occupe de recueillir les chats en difficulté pour s’ en occuper avant qu’ ils trouvent un foyer d’ accueil.   Photo Cédric Joubert

Avec un budget de 300 000 €/an, une quarantaine de bénévoles et un réseau de 140 familles d’accueil, un refuge Krutenau de 40 places, la structure est en place. Mais les coûts vétérinaires explosent et les dons baissent : la subvention de la Ville, 16 000 €, ne change rien au problème de fond(s). Era et ses minous ont besoin de vous.

Citations de la semaine

« Je vais être provocateur, mais ça me fait penser à une prison avec un donjon, un univers cloîtré… » – Arnault Pfersdorff, président de l’association des résidents de la rue du Tivoli et environs, qui fourbissent leurs armes contre le projet immobilier de reconversion de l’ancien hôtel Mercure , place de Bordeaux : 5 bâtiments, 2 tours, 55m2  pour la plus haute, d’après le permis de construire tout juste délivré.

« Je suis prêt à les racheter, même plus cher ! » – Hamlet Hovsepian. Cet habitant de Bischheim a vu trois colis d’objets arméniens (croix, collier, pièce) s’égarer entre décembre 2024 et avril 2025. Il a été remboursé, mais la valeur de ces objets, liés à une quête de ses origines, est sans commune mesure. Il a tout fait comme il faut : médiation, plainte, demandes à La Poste. Une enquête interne en cours. Depuis cette mésaventure, il se fait livrer chez ses parents à Schiltigheim… et les colis arrivent.





Simulation d’une collision à 50kmh entre une voiture et une personne en trottinette. Sans casque c’est game-over.   Photo Jean-Marc Loos

Simulation d’une collision à 50kmh entre une voiture et une personne en trottinette. Sans casque c’est game-over.   Photo Jean-Marc Loos

L’image de la semaine

C’est cette image d’ un crash-test trottinette au collège Jules-Hoffmann (Robertsau) : à 50 km/h, le mannequin-ado est projeté à 15 mètres. Les 540 élèves présents ont accueilli la démo d’un silence glacé. Le message est passé : casque vivement conseillé. « La prévention doit passer par cette violence-là », assume le pilote-formateur Pascal Dragotto.