«Fidèle à son penchant pour jouer avec le temps et la patience de ses adversaires, Emmanuel Macron a passé les derniers jours à fixer des délais pour finalement ne pas les respecter», s’amuse le quotidien espagnol El Pais. «Ce vendredi, peu après 22 heures, alors que les Français étaient à bout de nerfs après le vaudeville politique de ces dernières semaines, et que le dernier délai fixé était largement dépassé, il a de nouveau nommé Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre», écrit le journal espagnol.

Une mission «difficile» attend Sébastien Lecornu après sa renomination à Matignon, estime le quotidien britannique The Guardian. Le choix d’Emmanuel Macron «est vu par les partis d’opposition comme un signe que Macron, à qui il reste dix-huit mois au pouvoir, refuse d’élargir le gouvernement à d’autres visions politiques qui refléteraient le Parlement divisé», commente la correspondante du journal à Paris.

«L’une des concessions nécessaires pour faire passer le budget pourrait impliquer la remise en question de la réforme des retraites, une réforme qui avait demandé une âpre bataille», regrette le quotidien économique The Financial Times, face à ce qui semble s’apparenter à «un possible retour en arrière des réformes pro-business d’Emmanuel Macron».

«Après une semaine d’agitation politique, le retour de Lecornu est une surprise», estime la BBC. «Il n’est même pas certain qu’il arrivera à former un gouvernement, mais il se trouve dans une course contre la montre. Le Premier ministre a jusqu’à lundi pour présenter le budget devant le Parlement.»

«Même le meilleur premier ministre ne saurait le libérer de ce piège de légitimité», juge le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui considère qu’Emmanuel Macron est maintenant «un président sans peuple».

«A peine reconduit comme Premier ministre, Sébastien Lecornu est déjà sous la menace d’une censure des députés de gauche et d’extrême droite, qui réclament des concessions politiques ou refusent catégoriquement de le soutenir», s’inquiète le journal canadien la Presse. «La France est confrontée aux répliques sans fin du séisme de la dissolution de l’Assemblée nationale en 2024 par M. Macron», note le site québécois.

«Emmanuel Macron s’entête et prend le risque de braquer en renommant Sébastien Lecornu Premier ministre», constate le quotidien suisse le Temps. «La crise française ne s’arrange pas», assure le journal. «Macron choisit un gouvernement Lecornu II, retour à la case départ», titre pour sa part le quotidien belge le Soir.

«Une décision choc, écrit CNN. La paralysie politique et l’incapacité à former un gouvernement a suscité des comparaisons désagréables pour la France, qui a à présent comme l’Italie, la réputation d’être instable politiquement.»

Le New York Times juge de son côté le choix d’Emmanuel Macron «risqué» et susceptible de susciter un retour de bâton. «Il n’apparaît absolument pas clairement en quoi la renomination de M. Lecornu va pouvoir améliorer la situation de blocage de la France.» Emmanuel Macron semble faire le pari que la plupart des partis, même ceux qui ont considéré la nomination de M. Lecornu comme une provocation, seront prêts à des compromis sur le budget car ils craignent trop de nouvelles élections. Mais c’est un pari risqué au vu de l’ampleur des désaccords sur le budget.»