LE NUC PLUS ULTRA – Le septième album très réussi de Mike Hadreas et la réédition d’un album live à Olympia d’Alain Bashung, enregistré en juin 2008.

Perfume Genius, Glory

Septième album déjà pour Mike Hadreas, qui poursuit avec Glory sa collaboration fructueuse avec le guitariste et producteur de génie Blake Mills, accompagnateur de Fiona Apple, et musicien de studio pour des géants comme Bob Dylan ou Randy Newman. Glory est le quatrième album réalisé par Mills, et probablement le plus réussi d’Hadreas.

Il règne en effet une grâce absolue sur ce disque aux effluves mélancoliques, à la musicalité tranquille et pas tapageuse. Les chansons toute en retenue cachent un climat angoissant et tendu qui n’est pas sans rappeler les atmosphères du cinéma de David Lynch. Les arrangements, à la fluidité impressionnante, ménage les surprises dans le spectre sonore. Perfume Genius est un conteur né, sa voix tremblée et sensible s’imposant en majesté dans un mix dense.

L’homme n’est pas étranger à l’excellence, il en a fait la démonstration au long de ses six albums précédents, mais cette nouvelle sortie rend son art plus visible encore. On y trouve l’immense Jim Keltner à la batterie, la chanteuse Aldous Harding fait une apparition marquante et les musiciens tissent un canevas minutieux et vibrant. On n’est pas loin du chef-d’œuvre.

Alain Bashung, à l’Olympia

Cette série de concerts donnés par Alain Bashung dans le music-hall du boulevard des Capucines était tout à fait singulière. On y découvrait un Bashung amaigri par un traitement lourd contre le cancer du poumon qui le rongeait, mais aussi en pleine possession de ses moyens. Dans la foulée de l’album Bleu pétrole, qui marquait un retour aux chansons compactes après les climats expérimentaux de L’imprudence, Bashung déroulait soir après soir un répertoire tout à fait impressionnant. Soit quarante ans d’une carrière amorcée à la fin des années 1960, qui l’avait déposé dans les années 1990 au sommet de la chanson rock à la française.

Bouleversant témoignage, cet album live restitue toute la puissance scénique d’un artiste consumé par son art. Au chant, à la guitare et à l’harmonica, Alain Bashung alterne tubes en or massif (Vertige de l’amour, Osez Joséphine, Madame rêve La nuit je mens) et titres récents. Mention spéciale à Je tuerai la pianiste et Vénus, aux paroles signées Gérard Manset.

On pleure beaucoup en écoutant ce disque, artefact de l’immense talent d’un homme qui se définissait comme autiste compositeur et a gravé quelques-unes des plus belles pages de la scène francophone.