Le 9 octobre, la salle du conseil municipal a accueilli une nouvelle séance de rappel à l’ordre. Sous l’autorité du procureur de la République, déléguée à la Ville de Montpellier, il s’agit de convoquer des personnes ayant commis des infractions mineures sur l’espace public qui ne donnent pas lieu à dépôt de plainte. La discussion franche d’une vingtaine de minutes ne débouche sur aucune sanction. L’idée étant surtout que le mis en cause ne reproduise pas les faits reprochés. Six personnes étaient concernées par cette séance pour des faits de malpropreté, de médiation non aboutie ou de consommation de protoxyde d’azote. Le maire, ou un adjoint, conduit les débats tandis que le directeur de la Police municipale rappelle les faits. Évocation de deux affaires en particulier.

« Je n’en consomme pas »

Amine (1) a 16 ans et habite à Saint-Martin. Mineur, il comparaît avec son père qui élève seul ses cinq enfants après un récent veuvage. Tête baissée, blotti dans son fauteuil, il écoute les faits reprochés et répond d’une voix timide. Le 29 août, en milieu de matinée, Amine a été interpellé dans le mail Alain Bashung alors qu’il consommait du protoxyde d’azote en compagnie d’un jeune de 22 ans. Une infraction qu’il a reconnue. Il est déjà connu de la Police, notamment pour des faits de tapage nocturne dans les cages d’escalier.

  • « Vous savez que la consommation de protoxyde d’azote est interdite ? Vous savez que cela peut laisser des traces dans le cerveau dès la première ou la seconde prise ainsi que des paralysies ? », questionne le représentant de la collectivité. 
  • « Oui, je le sais mais je n’en consomme pas. C’était juste pour essayer », répond Amine. 

Actuellement élève de 1ère dans un lycée technique, Amine a des difficultés scolaires liées au fait qu’il est dans une filière qui ne l’intéresse pas trop. C’est ensuite son père qui prend sa défense. 

  • « J’habite au 3e étage. Je peux vous assurer que tout le quartier est infesté de produits illicites. Tout le monde connaît l’épicerie qui est en bas. Vous aussi. Même à 3h du matin, il y a des gens qui viennent acheter et qui klaxonnent. »
  • « Nous le savons et nous faisons des contrôles réguliers mais soyez exigeant avec votre fils monsieur. »
  • « Je vous assure que je le suis. Mais je ne peux pas non plus l’enchaîner. Comment voulez-vous qu’à un moment, il ne soit pas lui aussi tenté ! » 

Amine devient spectateur et ne dit plus rien. Son père s’écarte quelque peu, évoque des demandes de logements restées vaines depuis 2012 pour changer d’environnement. Il est proposé une rencontre avec l’équipe de prévention et l’éducateur de la Maison pour tous afin qu’Amine soit réellement conscient des risques encourus. Son père acquiesce. 

Des dépôts sauvages

Hakim (1) est gérant de deux restaurants dans la rue de l’Aiguillerie. Les services de la Ville de Montpellier ont verbalisé ses commerces à cinq reprises pour « abandon de déchets sur la voie publique » entre avril et juillet derniers. Une des amendes était même accompagnée de la refacturation du coût de l’enlèvement des sacs par la Métropole. Mais les abandons de déchets ont continué et constituent de fait des dépôts sauvages. 

  • « Je reconnais le souci de juillet. Mais j’ai 12 salariés et il n’est pas facile de montrer à tous où déposer les déchets dans des endroits adéquats », assure le mis en cause avec cran. « Mais aujourd’hui, le problème est réglé. Le problème est qu’il n’y a pas assez de bennes. On est dix restos dans la rue et il n’y a que trois bennes ». 
  • « Former les employés au traitement des déchets est une obligation pour l’employeur. Le problème des bennes n’est pas une excuse. On ne laisse pas des sacs au sol. Si la benne est pleine, on garde les sacs chez soi et on jette le lendemain. Je vous rappelle que la Ville ramasse les déchets ménagers mais elle n’est pas obligée de prendre les déchets des activités économiques. Ils ne sont tolérés que s’il y a de la place. Sinon, c’est à vous de vous organiser avec un prestataire privé. Votre production est trop importante pour les déchets ménagers », répondent les représentants des services. Et puis il y a un autre aspect essentiel évoqué par le Premier magistrat.
  • « Vous travaillez dans la rue de l’Aiguillerie. C’est l’une des plus belles rues du centre de Montpellier. Vous devez respecter l’espace public car il en va de l’image de notre ville. »  

Comme la situation s’est effectivement améliorée ces derniers temps, l’intéressé en est quitte avec un rappel aux règles et à la nécessité de trier ses biodéchets et d’évacuer correctement ses sacs et ses cartons. Il se retire en répétant que le problème est réglé.

   

  1.  Il s’agit de prénoms d’emprunt.