Le premier patrouilleur polaire du Projet 23550, l’Ivan Papanin, réalise une série d’essais en Arctique. Une étape le rapprochant de sa mise en service, espérée cet été par la marine russe. Il sera alors le bâtiment brise-glace de combat le plus puissant au monde dans une zone arctique restée jusqu’ici peu militarisée.
Ce programme a été marqué par d’importants retards. La tête de série, l’Ivan Papanin, mis à l’eau en 2019 a vu sa mise en service retardée à plusieurs reprises. Elle pourrait être effective à partir de cet été, le navire étant actuellement en essais en Arctique, qu’il a débuté après avoir rejoint Severomorsk le 31 mars dernier. À terme, il rejoindra la Flotte du Nord. Il doit être suivi à l’horizon 2027 par son sistership, le Nikolay Zubov. Deux autres patrouilleurs sont en construction pour le compte de la branche navale du FSB.
Développés dans le cadre du Projet 23550 de la marine russe, l’Ivan Papanin et le Nikolay Zubov, commandés en 2016 aux Chantiers de l’Amirauté, à Saint-Pétersbourg, mesurent 114 mètres de long pour 18 mètres de large et afficheront un déplacement de 8500 tonnes à pleine charge. Disposant d’un design de coque similaire à celui d’un brise-glace civil, avec une étrave conçue pour briser la glace et un échantillonnage très fort des plaques d’acier, ils pourront naviguer dans une épaisseur de banquise allant jusqu’à 1.7 mètre. Ils sont au standard ARC7, identique à celui des méthaniers brise-glaces construits pour exporter le gaz naturel liquéfié (GNL) produit dans la péninsule de Yamal, en Sibérie. Dotés d’une propulsion diesel-électrique, avec deux moteurs principaux de 6300 kW chacun et quatre groupes d’une puissance unitaire de 3500 kW, ils sont dotés de deux hélices sur lignes d’arbres et deux propulseurs d’étrave. Leur vitesse maximale, en eaux libres, doit atteindre 18 nœuds pour une autonomie annoncée à 10.000 nautiques à 10 nœuds.
L’Arctique est une région stratégique qui borde aussi bien la Russie, que les pays européens nordiques, le Canada ou les États-Unis. C’est aussi une potentielle route maritime en devenir. Jusqu’ici, les patrouilleurs polaires et autres brise-glace étaient relativement faiblement armés. Avec les patrouilleurs du Project 23550, on se destine vers un accroissement de la puissance de feu. Ils peuvent en effet, outre leur canon de 76 mm, emporter dans des modules conteneurisés pour lanceurs de missiles de croisière Kalibr.
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