Patrice de Colmont, l’homme du Club 55, là où (presque) tout avait commencé pour Brigitte Bardot, est décédé à l’âge de 77 ans.
Il était le « vice-maire de Saint-Tropez », celui qui a écrit les plus belles pages de la légende de ce petit port mythique. Patrice de Colmont avait 7 ans quand Roger Vadim installa ses caméras sur une plage paradisiaque de Pampelonne pour y tourner « Et Dieu… créa la femme ». Quelques mètres carrés de sable, une paillotte, quelques tables, des chaises qui appartenaient à ses grands-parents : un cadre simple et indémodable qui fit naître deux stars internationales, Brigitte Bardot et le Club 55. Patrice de Colmont est mort à 77 ans.
En quelques années, cette plage est devenue « the place to be ». Jean, le père de Patrice, y a reçu le monde entier. Son fils perpétua la tradition, avec une phrase comme maître-mot : « Ici, le client n’est pas le roi… parce qu’il est un ami. » Chacun avait une chance d’entrer dans ce Saint des saints à condition d’être bien mis, souriant et d’afficher une joie de vivre à toute épreuve. La carte était simple et indémodable : des poissons de la baie et des anchoïades sans égales.
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Le 55 était une affaire de famille : ce sont les parents de Patrice qui avaient acheté ce terrain en bord de mer, en 1955. Un trésor que jamais aucune loi littorale ne pourrait leur contester. Les autres concessions allouées par la mairie de Ramatuelle changeaient de mains, le 55 restait. Patrice, bourru mais aimable quand il le fallait, jouait les hôtes, son épouse tenait la boutique et sa sœur Véronique, la comptabilité. Depuis quelques années, il avait commencé à passer les rênes à sa fille Camille pour jouer les gentleman farmers dans son château de la Môle. Profondément écolo et très investi dans la préservation de la presqu’île où il avait grandi, il faisait pousser fleurs et légumes bio qu’il n’oubliait pas de vendre lors de portes ouvertes où tous les VIP de Saint-Tropez se bousculaient. Avec le temps, sa présence était devenue aussi mythique que la fameuse plage.
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Voiles de Saint-Tropez
Ce Club 55 aurait, à lui seul, suffi à construire la légende du roi Patrice. Mais il lui en fallait plus. En 1981, il eut l’idée de la Nioulargue, une prestigieuse régate entre deux skippers dont l’arrivée était jugée en face du restaurant de la plage. Le perdant devait inviter les deux équipages à déjeuner au Club 55. Les années suivantes, Ted Turner, Herbert von Karajan, Eric Tabarly et tant d’autres s’y affrontèrent en toute décontraction avant d’y acheter des terrains et des maisons de rêve. La manifestation est devenue Les Voiles de Saint-Tropez et est aujourd’hui considérée comme l’un des trois plus grands rendez-vous nautiques du monde. Il en était le père, mais plus le maître depuis longtemps, et voir chaque année s’aligner des voiliers historiques de plus en plus somptueux l’amusait. Il ne dédaignait pas, du reste, de temps à autre, embarquer sur l’un d’eux le temps d’une régate effrénée.
Au faîte de sa gloire, Colmont sera également propriétaire du domaine Les Bouis, du Château de la Mole, et d’un patrimoine immobilier et hôtelier aussi jalousé qu’admiré. À la grande époque, juste derrière lui, à l’entrée, une grande équipe de paparazzis stars attendait, assise sagement sur les canapés de l’entrée, en buvant des coups, auxquels Patrice ne dédaignait pas de se joindre. Il fréquentait les plus grands, mais aimait surtout les aventuriers.
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À 77 ans, cet homme discret, chaleureux et à l’imagination sans borne s’en est allé. Saint-Tropez perd une de ses plus belles étoiles et Brigitte Bardot se sent encore un peu plus seule.