Une voix douce, mesurée, presque apaisante. Accompagnée d’un phrasé lent. Qui tranche avec la gravité des mots. « La santé des associations se dégrade », a commencé le président de Lorraine mouvement associatif, Pascal Plumet.
C’était ce samedi 11 octobre, à la maison régionale des sports de Tomblaine , près de Nancy. Les fédérations s’étaient donné rendez-vous pour alerter sur la situation économique « alarmante » des associations. Un mouvement national inédit pour dire que « cela ne tient plus ».
Pendant plusieurs minutes, le président lorrain a lâché des statistiques préoccupantes : « une association employeuse sur trois a une trésorerie inférieure à trois mois » et « plus de deux associations sur trois déclarent une baisse d’activité ».
Baisse des subventions
C’est le cas de l’Union régionale pour l’habitat des jeunes (URHAJ) Grand Est, qui envisagerait des fermetures d’hébergements. « Si ça continue, on va se retrouver dans la même précarité que les gens qu’on accueille », s’est inquiété son représentant.
Les raisons de cette situation ? Les responsables associatifs en mettent une en haut de leur liste : « La baisse des subventions de l’État et des collectivités », pointe indique Eric Bailly, le directeur de Lorraine mouvement associatif.
Entre 2005 et 2020, « on observe une baisse de 41 % des subventions » détaille-t-il. Ces chiffres sont issus d’une étude nationale, mais « la situation est identique en Lorraine (42 500 associations, N.D.L.R.) où on doit faire face à des baisses de financements », regrette le directeur, convenant qu’en Meurthe-et-Moselle (15 000 associations), « la baisse était limitée par rapport à d’autres départements ».
Résultats, aussi, des menaces sur l’emploi : trois quarts des associations n’excluraient pas une baisse de leur masse salariale. Une potentielle bombe sociale quand on sait le poids que pèse l’emploi associatif. En Lorraine, par exemple, « c’est 13 % de l’emploi du secteur privé », rappelle Eric Bailly.
Aujourd’hui, il y a « urgence à soutenir les associations », ont martelé les responsables de fédérations. « Il faut que les élus prennent des mesures fortes et que les coupes budgétaires cessent », a demandé Pascal Plumet, s’adressant aux deux élus présents dans la salle.
« Un de nos priorités »
« Nous avons maintenu nos subventions », s’est défendu le maire de Nancy, Mathieu Klein. En 2025, la ville a attribué environ 25 millions d’euros de subvention aux associations, d’après le budget primitif. Une somme similaire à celle de 2024 et 2023, toujours d’après les budgets de la Ville.
De son côté aussi, le Département a rappelé son engagement. « Tant que nous pourrons maintenir notre soutien aux associations, nous le ferons. C’est une de nos propriétés et un choix politique », s’est défendue Chaynesse Khirouni.
Il en irait de l’existence même du tissu associatif français. Un pays sans ? Eric Bailly n’ose y croire. « Les parents ne pourraient plus faire garder leurs enfants. Il n’y aurait plus de culture dans les territoires, plus de festival. Et les Resto du cœur ? Il n’y aurait plus d’aide aux gens en détresse alimentaire. »