Niché au cœur de la verdure du quartier Citadelle, à deux pas du canal du Rhône au Rhin, le Vaisseau inaugurait ce samedi 11 octobre l’exposition rétrospective de ses 20 ans d’existence. L’occasion pour Frédéric Bierry, président de la CEA et « capitaine » de ce musée né en 2005 de la volonté politique de ses prédécesseurs, Philippe Richert et Guy-Dominique Kennel , de redonner le « cap » fixé à ce « beau bébé » de la collectivité, inspiré de La Villette à Paris. Jugez plutôt : 44 salariés (2,2 millions d’euros) issus de 19 métiers différents, un budget annuel de 1,2 million d’euros pour 120 000 visiteurs en 2024 (un million d’euros de recettes).

Calibré pour 90 000 visiteurs au départ

Calibré lors de sa création pour 90 000 visiteurs par an, le Vaisseau a été rapidement débordé par une fréquentation approchant les 200 000 par an avant-Covid. En 20 ans, il a attiré plus de trois millions de visiteurs. Preuve s’il en est qu’il y a bien un public pour les sciences à Strasbourg. Mais pas seulement, puisque 13 % des visiteurs proviennent d’Allemagne et que la Vaisseau draine des curieux venus de toute l’Alsace. Le 2 millionième visiteur, en 2015, était un petit Haut-Rhinois, s’est souvenu ce samedi 11 octobre Frédéric Bierry, qui était « déjà », souligne-t-il, élu à l’époque.

Cap vers les économies

Ce samedi 11 octobre, l’actuel président de la Collectivité européenne d’Alsace a donc fait un peu d’histoire. « Le Vaisseau a été conçu à une époque où les moyens des collectivités étaient importants. Depuis, l’État a baissé ses dotations. Et en 2015, quand j’ai pris la tête du conseil général du Bas-Rhin, on perdait 70 millions de recettes. J’ai mis les équipes du Vaisseau au défi de concevoir elles-mêmes les expositions qu’autrefois elles achetaient pour très cher ». Et en 2016 était présentée la première exposition « 100 % made in Vaisseau », Le Laboh.

La Lune en 2026

L’économie est substantielle : de 150 000 à 300 000 euros avant, les expositions temporaires coûtent aujourd’hui entre 60 000 et 200 000 euros, pour les plus complexes. « Lune » , la prochaine exposition qu’on peut appeler « événement » du Vaisseau est dans cette fourchette haute. Créée avec le Centre de Culture Scientifique Cap Sciences de Bordeaux, elle a été inaugurée à Bordeaux et ne sera visible à Strasbourg qu’à partir d’octobre 2026. Mais elle a mis en coopération les équipes du Vaisseau et celles de Bordeaux, ainsi que des mécènes privés, de plus en plus importants pour boucler des budgets contraints.

Des expositions itinérantes

Surtout, cette exposition est la première d’un nouveau genre puisqu’elle a été conçue pour être vendue à d’autres musées. Elle pourra donc voyager « pendant 10 ans » et « générer ainsi des recettes », a souligné Frédéric Bierry. L’itinérance est désormais le nouvel horizon du Vaisseau, à qui il est demandé de rayonner dans tout le territoire de la CEA. En 2026, « La Maison », première exposition du Vaisseau conçue exclusivement pour voyager, ira donc de centre socioculturel en médiathèque alsacienne. « On peut faire des choses merveilleuses sans forcément de gros moyens », a conclu Frédéric Bierry lors de cette journée inaugurale. Le cap est fixé.