Depuis le rachat du MotoGP par Liberty Media, les lignes
bougent… parfois violemment. Si certains s’inquiètent de voir la
catégorie reine perdre son ADN, d’autres y voient une opportunité
historique d’évolution. Et parmi les plus fervents partisans du
changement figure KTM, bien décidé à importer une règle phare de la
Formule 1 : le plafond budgétaire. Une idée simple sur le papier,
mais explosive dans le paddock.

C’est
Richard Coleman
, futur directeur de l’équipe
Tech3 dès 2026, qui l’a confirmé dans le podcast

Business of Sport
: « certains constructeurs, dont
le propre, KTM
, font déjà pression pour que nous ayons un
plafond de coûts. »

La référence est claire : il s’agit du modèle introduit en F1 en
2021 par Liberty Media, limitant les dépenses pour
niveler la compétition et éviter la démesure financière. Mais en
MotoGP, le déséquilibre est encore palpable.

Coleman résume avec une formule grinçante : « Bien sûr, les
dindes ne votent pas pour Noël. Les Japonais ont enregistré de très
mauvais résultats ces dernières années, et Honda vend plus
de 20 millions de motos par an. Ils peuvent faire ce qu’ils
veulent
. »

Sous-entendu : Honda a les moyens de dépenser
sans compter… et ne voudra pas limiter son avantage industriel.

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Le plafond
budgétaire : Honda, le géant qui bloque ?

Le bras de fer semble engagé. KTM est
ouvertement favorable à une réforme économique profonde du MotoGP.
Honda, en revanche, fait bloc. Car un plafond
signifierait renoncer à son avantage financier structurel dans un
contexte où ses résultats sportifs sont déjà en berne.

Le nouveau PDG de KTM, Gottfried Neumeister,
l’avait déjà laissé entendre dès son arrivée en septembre dernier :
la compétitivité doit passer aussi par l’équité budgétaire. Et
KTM ne fait pas que parler : elle agit, en
poussant Liberty Media à accélérer sur ce
terrain.

Mais rien ne garantit une adoption rapide. Coleman prévient : «
ces choses ne se font pas du jour au
lendemain
. »

Autre révélation surprenante de Richard Coleman : « Si l’on
considère les six équipes indépendantes, elles sont toutes
rentables. Elles gagnent toutes de l’argent.
»

Une situation aux antipodes de la Formule 1, où seuls quelques
teams survivent sans endettement. Cela n’a pas échappé aux
investisseurs potentiels : Lewis Hamilton et
Max Verstappen auraient déjà été approchés pour
acheter une équipe MotoGP. Coleman y voit une opportunité :

« Dans les équipes des constructeurs, on parle surtout de
budget R&D. Mais du côté des indépendants, c’est un modèle plus
sain, plus viable économiquement. »

Un argument choc pour attirer les champions de F1 dans le
paddock MotoGP… et pour justifier des règles similaires à celles
qu’ils connaissent déjà.

Pit Beirer (KTM) a déjà proposé des week-ends
communs F1–MotoGP. Une idée encore taboue pour de nombreux
puristes, mais que Liberty Media regarde avec
appétit. L’arrivée d’un plafond budgétaire irait dans le même sens,
en professionnalisant davantage la structure et en facilitant la
venue de sponsors globaux.

Mais tant que Honda et Yamaha
résistent, la transition ne sera pas pacifique. La grille est
désormais fracturée entre pro-réformes (KTM, Aprilia, Ducati) et
conservateurs (Honda, potentiellement Yamaha). Et la guerre
d’influence ne fait que commencer.

Le MotoGP version Liberty Media sera-t-il plus
égalitaire, plus rentable… mais aussi plus lisse ? Ou est-ce le
début d’un clash idéologique entre l’Europe de la compétition
rationnelle et le Japon de la tradition technique absolue ?

Une chose est sûre :
KTM
ne compte plus jouer les seconds rôles. Et
avec
Liberty
à ses côtés, c’est peut-être tout le
modèle MotoGP qui s’apprête
à changer de braquet.

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