Ces derniers temps, il est l’un des invités les plus demandés des podcasts de la sphère MAGA [pour Make America Great Again, mouvement de soutien à Donald Trump] : un philosophe à la barbe fournie, qui soutient que les troupes russes devraient marcher sur l’Ukraine pour éradiquer ce qu’il appelle le “régime nazi” en place à Kiev.
Alexandre Douguine, figure de longue date de l’extrême droite russe, appelle Moscou à rompre avec la démocratie libérale à l’occidentale et à reconstituer son empire d’antan. Cet engagement, qu’il assumait déjà des années avant que le président russe n’embrasse de telles idées, lui a valu le surnom de “cerveau de Poutine”. Mais l’intéressé rejette cette étiquette, assurant que son influence sur le président est surestimée.
Aujourd’hui, Alexandre Douguine est visiblement en pleine opération séduction auprès des partisans du président américain Donald Trump. Depuis un an, il multiplie les interviews, accordées à des personnalités des médias pro-Trump, dont Tucker Carlson et Alex Jones. Dans leurs émissions, il s’en prend au “wokisme”, aux militants transgenres et à George Soros, devant des interlocuteurs qui boivent du petit-lait.
Œuvrer au rapprochement culturel avec les États-Unis
Cette offensive de Douguine auprès du mouvement MAGA intervient à un tournant dans la relation entre la Russie et les États-Unis. Trump entend mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine et réchauffer les relations avec Vladimir Poutine, relégué au rang de paria international depuis son invasion de l’Ukraine en février 2022.
Les efforts du président américain ont ébranlé les dirigeants européens ainsi que les démocrates, pour qui Poutine est un dictateur qui a sur les mains le sang de milliers d’Ukrainiens.
Tandis que Trump et Poutine procèdent au rapprochement géopolitique de leurs pays, Alexandre Douguine, lui, œuvre à leur rapprochement culturel. Reste à savoir s’il pourra combler le fossé qui sépare les conservateurs américains des Russes qui soutiennent la guerre de Poutine.
“Trump et le trumpisme m’intéressent”, se justifie Douguine, contacté par le Wall Street Journal, dans une réponse écrite que nous a relayée une porte-parole. “Et les trumpistes à leur tour s’intéressent probablement à mes idées, à mes théories, à mes explorations philosophico-idéologiques.”
Un fasciste “extrême” et
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Source de l’article
The Wall Street Journal (New York)
C’est la bible des milieux d’affaires. Mais à manier avec précaution : d’un côté, des enquêtes et reportages de grande qualité, avec un souci de neutralité. De l’autre, des pages éditoriales très partisanes. Les chroniqueurs et le comité éditorial défendent, souvent avec virulence, les points de vue conservateurs, même si le titre a toujours maintenu une certaine distance vis-à-vis de Donald Trump.
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