l’essentiel
L’Asie centrale, longtemps perçue comme l’arrière-cour de la Russie, est devenue le théâtre d’une rivalité mondiale. Alors que l’équilibre s’est déplacé vers Pékin, Moscou compte revendiquer encore une influence héritée de l’époque soviétique.
Pour la deuxième fois seulement depuis la chute de l’Union soviétique en 1991, un président russe s’est rendu en Asie centrale pour un sommet officiel. Réunis à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan, les dirigeants du Kazakhstan, du Kirghizistan, d’Ouzbékistan, du Turkménistan et du Tadjikistan vont échanger pendant trois jours avec Vladimir Poutine.
Dans l’agenda du président russe, la nécessité de consolider son influence dans une région riche en ressources naturelles, devenue le cœur d’une rivalité stratégique entre grandes puissances. Si l’ombre de l’URSS plane encore, le centre de gravité régional s’est peu à peu déplacé.
L’Asie centrale, nouveau terrain de jeu chinois
Avec son initiative des Nouvelles Routes de la Soie, Pékin a étendu son empreinte en Asie centrale, multipliant les investissements dans les infrastructures et l’énergie. Ces projets, souligne Géoconfluences, constituent autant de leviers pour affermir sa présence dans la région.
Ces investissements visent avant tout à sécuriser l’accès chinois aux ressources énergétiques locales. À long terme, la création de nouveaux corridors commerciaux renforce la position économique et géopolitique de Pékin, poursuit la revue.
Champ de bataille énergétique
La Russie et la Chine avancent leurs pions sur un même terrain. En juin dernier, le gouvernement kazakh a scellé un accord avec les deux puissances pour bâtir ses premières centrales nucléaires, rappelle Europe 1. Premier producteur mondial d’uranium, le pays souffre d’un déficit énergétique croissant.
La France, via EDF, n’a pas réussi à s’imposer dans ce dossier. Pourtant, l’Union européenne a, elle aussi, intensifié sa présence régionale. Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, Bruxelles a multiplié les sommets avec l’Asie centrale. Le troisième en date, en mars 2025, avait débouché sur un plan d’investissement européen de 12 milliards d’euros pour soutenir un vaste programme d’infrastructures, selon France 24.
Moscou tente de reprendre la main
Face à la concurrence grandissante dans la région, la Russie mise sur ses liens historiques et symboliques avec les anciennes républiques soviétiques. Vladimir Poutine entend rappeler que, malgré la guerre en Ukraine et les sanctions internationales, Moscou reste un acteur incontournable.
De nouveaux accords pourraient voir le jour, notamment dans le domaine nucléaire, comme ceux conclus plus tôt cette année. Le déplacement du président russe aux côtés de son ministre de la Défense laisse aussi présager des discussions militaires. Le Tadjikistan, qui abrite la plus grande base militaire russe à l’étranger, occupe à ce titre une place stratégique.