Après avoir adopté avec raison six trains de mesures à l’encontre de la Russie, à la suite de l’invasion de l’Ukraine, l’Union européenne (UE) va-t-elle enfin engager des sanctions économiques contre la politique menée à Gaza par le gouvernement de Benyamin Netanyahou ? Bien calibrées, celles-ci auraient des incidences non négligeables. L’UE est le premier partenaire commercial d’Israël. En 2024, le total des échanges de marchandises entre eux représentait 42,6 milliards d’euros. 28,8 % des exportations israéliennes avaient pour destination le marché intérieur européen et 34,2 % des importations israéliennes provenaient de l’UE.
Les relations entre l’UE et Israël reposent sur ‘le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques‘.
L’UE a signé en 1995 avec Israël un accord d’association, entré en application en 2000, qui instaure le libre-échange dans de nombreux secteurs. Israël est intégré dans le partenariat Euromed, fait partie du programme Erasmus et participe au programme Horizon Europe, doté de 95 milliards d’euros pour la période 2021-2027, en faveur de l’innovation et de la recherche. L’article 2 de cet accord souligne que les relations entre l’UE et Israël reposent sur « le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques ».
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Or le gouvernement d’Ariel Sharon, entre 2001 et 2006, et celui de Benyamin Netanyahou n’en ont jamais respecté les termes, en poursuivant la colonisation des terres palestiniennes en Cisjordanie. L’UE a certes réagi en 2012 en gelant jusqu’en 2022 le dialogue politique au niveau ministériel, sans toutefois suspendre l’accord. C’est en vertu de cet article 2 que les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont rencontré le 24 février dernier à Bruxelles le ministre des Affaires étrangères israélien, Gideon Sa’ar, pour examiner si les autorités israéliennes respectaient leurs obligations en matière de droits humains.
De nombreuses associations et ONG comme Human Rights Watch avaient alors demandé que l’accord d’association soit révisé, voire suspendu. Malgré les massacres perpétrés par l’armée israélienne à Gaza, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE, de nouveau réuni en juillet et en septembre 2025, ne dégagera aucun consensus pour suspendre l’accord ou appliquer des sanctions ciblées.
Lors de son discours sur l’état de l’Union du 10 septembre 2025 devant le Parlement européen, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, choisira de durcir le ton en évoquant la suspension partielle des relations commerciales avec Israël et l’interruption du versement des 6 millions d’euros annuels, prévus entre 2025 et 2027 dans le cadre de la politique de voisinage. L’intensification des frappes dans la bande de Gaza, le 16 septembre, a conduit la Commission à passer à l’acte en proposant de « suspendre certaines dispositions commerciales de l’accord entre l’UE et Israël », en réimposant des droits de douane sur les produits israéliens.
Alors que le Parlement européen adoptait le 11 septembre une résolution favorable à ce type de sanction, la proposition de la Commission devra être validée par un vote à la majorité qualifiée au Conseil des ministres de l’UE. Or l’Autriche, la Bulgarie, la Hongrie et la République tchèque se sont toujours opposées aux sanctions contre Israël et à toute déclaration commune condamnant les frappes à Gaza. Également réticente, l’Italie semble bouger, tandis que l’Allemagne temporise.
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