C’est un virage énergétique, financier et symbolique. La Caisse
des dépôts a validé le principe d’utiliser une partie des fonds
issus du Livret A pour financer la construction des
nouveaux réacteurs nucléaires EPR, a annoncé jeudi son
directeur général Olivier Sichel. Une déclaration choc, alors que
ces fonds sont historiquement fléchés vers le logement social.
« On s’est mis d’accord avec Bercy et puis EDF sur le recours au
Fonds d’épargne », a-t-il affirmé lors d’une rencontre avec
l’Association des journalistes économiques et financiers.
La prochaine étape est : l’accord de Bruxelles.
« Maintenant, l’État français va présenter sa copie à Bruxelles
pour obtenir l’accord sur la maquette financière globale », a
poursuivi Olivier Sichel, sans dévoiler les détails du plan. Cette
validation européenne est indispensable pour sécuriser
juridiquement l’opération, et éviter toute entrave
réglementaire.
400 milliards d’euros en jeu, une stratégie énergétique
affirmée
La CDC gère environ 400 milliards d’euros
d’épargne réglementée, collectés notamment via les
Livrets A, LDDS et LEP. Plus de la moitié de
cette somme est déjà utilisée pour des prêts à long terme en faveur
du
logement social. L’autre partie est investie dans des actifs
financiers, dont l’identité reste partiellement confidentielle.
D’après
Le Figaro, l’annonce intervient alors que le gouvernement a
confirmé début juin la construction de six nouveaux réacteurs
EPR à horizon 2038. Si l’estimation précise des
coûts reste incertaine, l’ancien ministre de l’Énergie Marc
Ferracci évoquait en février un budget « en dessous de 100
milliards d’euros ».
En ouvrant la voie à une participation des fonds du
Livret A, la CDC lie ainsi épargne populaire et
souveraineté énergétique. « Le nucléaire fait partie évidemment
de notre souveraineté énergétique », insiste Olivier Sichel,
justifiant ce virage stratégique.
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La CDC anticipe une crise financière,
mais affiche sa solidité
Interrogé sur les tensions macroéconomiques, Olivier Sichel a
également exprimé ses craintes face à une potentielle bulle dans le
secteur technologique. Il a notamment pointé les montants investis
dans les technologies émergentes : « Les investissements
colossaux dans l’intelligence artificielle créaient un parallèle
avec la bulle internet à la fin des années 90 ».
Malgré cette prudence, la CDC affiche une santé
financière robuste. Pour 2025, son bénéfice net devrait
atteindre « 5 milliards d’euros », a annoncé son directeur
général, preuve que l’établissement se prépare à absorber de
nouvelles missions d’envergure, dont le financement du
nucléaire.