En Allemagne, certains soupçonnent les constructeurs d’abuser des « autos immatriculations », ce que nous appelons plus communément en France les immatriculations « tactiques » internes. Ceci afin de gonfler les chiffres de ventes des voitures électriques, qui seraient en réalité éloignés de la réalité. Mais ces façons de faire sont loin d’être nouvelles, notamment en France.
Cette année, les ventes de voitures électriques ont connu un bel essor en Allemagne, dans un pays qui, pourtant, milite auprès de l’Europe pour laisser libre cours au moteur thermique après 2035. Les Allemands sont-ils devenus schizophrènes ? La réponse est peut-être ailleurs. Selon certains analystes, les constructeurs présents en Allemagne (et pas uniquement allemands) useraient et même abuseraient des « auto immatriculations ». En clair, immatriculer une voiture pour son propre compte. Ce que l’on appelle en France les immatriculations tactiques sont en effet légion dans l’industrie automobile, mais le phénomène aurait pris de l’ampleur ces derniers temps selon l’association allemande de l’industrie automobile.
Quatre fois plus de « fausses » ventes ?
Elle affirme en effet que les immatriculations tactiques des constructeurs auraient été multipliées par quatre en deux ans seulement, pour atteindre les 65 000 unités. Deux ans, cela nous remonte à peu près à l’époque où le bonus à l’achat de voitures électriques en Allemagne prenait fin. Y a-t-il cause à effet ? Difficile à dire, mais 2024 avait été une année noire pour les électriques outre-Rhin, et il n’est effectivement pas impossible que les constructeurs aient abusé des immatriculations « garage » ou en interne pour gonfler artificiellement les chiffres.
Certaines marques sont d’ailleurs plus citées que d’autres. BYD, notamment, aurait un taux très élevé de ventes tactiques : environ 75 % du total de ses immatriculations ! Un chiffre impensable pour un constructeur « sain » mais qui s’explique aussi par le fait que BYD commence à peine à s’implanter en Allemagne et en Europe. Pour l’heure, donc, la majorité des livraisons sont à destination des showrooms ou représentants. Et d’ailleurs, les immatriculations tactiques, bien que moins rentables que les ventes à particuliers, ne sont pas totalement néfastes : elles permettent aussi d’avoir de la visibilité pour les véhicules sur la route et dans les points de vente. Et donc de tenter de démocratiser un peu plus la mobilité électrique.
Les ventes tactiques en France aussi
En France aussi, les constructeurs font appel à ces ventes pour diverses raisons. Parfois, l’abus des immatriculations internes peuvent conduire à des situations tendues avec les distributeurs qui doivent écouler ces véhicules sans trop perdre de temps sous peine de baisse de la rentabilité. En 2025, près de 15 % des immatriculations de véhicules neufs en France sont des voitures « constructeurs » ou de démonstration. Certains groupes en abusent plus que d’autres : ces derniers mois, Stellantis avait notamment immatriculé pas mal de véhicules sur ce canal, devançant le groupe Renault. A l’inverse, un Dacia ou un Suzuki, qui vendent en majorité aux particuliers, n’ont pas besoin de conserver d’importants stocks internes.

Journaliste automobile (et un peu bicyclette aussi). Autant passionné par la nouveauté que l’industrie ou l’environnement, mais aussi tout ce qui fera avancer la mobilité.
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Publié le 12/10/2025 à 09:00