C’est LA soirée qui restera gravée dans les annales de la mode : celle du lundi 6 octobre. Un soir de super-pleine lune où les planètes du système Chanel furent alignées. Après les « designers » Jonathan Anderson chez Dior, Michael Rider chez Celine, Jack McCollough et Lazaro Hernandez chez Loewe ou encore Glenn Martens chez Maison Margiela, le baptême du feu de Matthieu Blazy pour Chanel était de loin le plus attendu.

Et il n’a pas déçu, avec ses 77 looks dévoilés sous la nef du Grand Palais après dix mois de travail et sous le regard attentif de nombreux amateurs de mode connectés live sur Internet. Comment assurer avec une telle pression ? « Il y a deux options : soit tu fais ton premier show en essayant de bien démontrer que tu connais tous les codes et que tu as bien révisé ta leçon, soit tu fais ton premier show comme si c’était le dernier », a commenté Matthieu Blazy.

Défi relevé haut la main. Le créateur a su réinventer les codes de la maison (ces pièces en « tweed » sont en fait des perles assemblées ou des mailles lâches) tout en y infusant une modernité criant « inventivité ». Le travail des matières est aussi riche que les archives de la maison, et il en sort des pièces déjà iconiques.

Des chemises « lestées » réalisées en collaboration avec la maison Charvet, des jupes qui suivent le mouvement d’une démarche, des vestes d’homme croppées qui redéfinissent le fameux tailleur Chanel, des sacs relevant autant de la prouesse technique que du génie, comme ces modèles rigides au rabat ouvert. Un sans-faute donc, qui marque un tournant dans l’histoire de la maison.

Guest list sur-mesure

Pour le reste, Paris fut plus que jamais une fête, comme disait Hemingway. Lors de ces neuf jours de défilés, de showrooms, de dîners et de soirées, tout le monde voulait en être. Aux défilés, les front rows n’ont jamais été aussi hype. Chez Balenciaga, Pierpaolo Piccioli a rassemblé sa troupe et les nouvelles amies de la maison, Anne Hathaway, Meghan Markle, Laetitia Casta.

Côté Givenchy, la guest list comprenait un parterre d’artistes chinois (Ryan Ding, Ruonan Zhang, Fan Cheng Cheng), installés aux côtés de Rooney Mara, Jenna Ortega ou encore Charlize Theron. Enfin, chez Miu Miu, ce sont les célébrités elles-mêmes qui défilent et le casting est pointu : Sandra Hüller (Anatomie d’une chute) a ouvert la marche, suivie par Richard E. Grant, Milla Jovovich ou encore Suzanne Lindon et Eva Yelmani.

On ne compte pas celles présentes au fameux défilé Chanel, mais si on devait n’en retenir qu’une, ce serait Nicole Kidman. L’ex-ambassadrice de Chanel no 5 (filmée en 2004 par Baz Luhrmann) est redevenue proche de la maison. Et si les marques étaient en train de réhabiliter le concept d’égérie ? Et si le choix des invités devenait aussi important que la direction artistique du défilé ?

Une chose est sûre, Paris a dansé au rythme de la mode. Entre la soirée donnée en l’honneur de Karl Lagerfeld avec Paris Hilton aux platines (l’une des plus réussies, nous souffle-t-on dans l’oreillette), le dîner Cartier avec Jacob Elordi en guest star ou encore les afters au Maxim’s avec Gigi Hadid et Olivier Rousteing, on pouvait aussi tomber sur les stars Rosalia et Kylie Jenner en terrasse d’un bistrot « produits d’Alsace », verres de vin et cigarettes à la main comme une imitation, elle aussi réussie, de la Parisienne. 

Trois tendances à suivre

La saison prochaine, le super-héros c’est nous.La saison prochaine, le super-héros c’est nous. (Crédits : LTD/Filippo Fior/Ik Aldama/dr/Umberto Fratini)

Cape ou pas cape ?
La saison prochaine, le super-héros c’est nous. Parce qu’elle a aussi le pouvoir de transformer n’importe quelle tenue en uniforme d’élégance, la cape pare de nombreuses silhouettes diurnes ou du soir. Version été, cela donne un voilage bleu chez Valentino, une longue traîne drapée chez Celine, une minicape sur une minirobe chez Givenchy ou encore une cape courte en maille chez Dior. L’occasion de jouer le mix and match pour ceux qui ne veulent plus vivre en monochrome.

En toute transparence
Sans avoir à déclarer son patrimoine, l’été prochain, il faudra jouer la transparence. Valentino, Schiaparelli, Alaïa, Margiela, Givenchy, Mugler ou encore Rick Owens : les silhouettes diaphanes dévoilent sans montrer et suggèrent en toute légèreté. Chez Courrèges, les voiles qui couvrent le visage sont comme ceux qui protègent du (plein) soleil.

Le cuir dans tous ses états
Si ça fait un moment que le cuir n’est plus réservé à l’hiver, le porter à la belle saison, c’est le faire tout en finesse. Les bustiers de Courrèges, composés de fines lanières de cuir comme une accumulation de ceintures, et les brassières à lacets chez Hermès transforment le cuir en une matière synonyme de légèreté. Idem avec les crop tops de Balenciaga et les robes à fleurs chez Loewe. Total cuir, total fun.  N.B.