« Beaucoup de choses ont déjà été dites », a glissé Gigi Dall’Igna dans son billet post-course sur LinkedIn, cette semaine, au moment d’évoquer la situation catastrophique dans laquelle s’est retrouvé Pecco Bagnaia en Indonésie.

Tout en promettant une évaluation « calme et patiente » des données, c’était une manière de balayer le sujet le plus brûlant du moment chez Ducati, après un Grand Prix qui a tourné à la cacophonie entre les propos du pilote, qui peine de plus en plus à contenir sa colère, et ceux de son équipe, entre également les versions fournies par Ducati d’une part et par VR46 d’autre part quant au test d’ancien matériel.

Il est logique que la situation du double champion du monde MotoGP fasse couler tant d’encre. En piste, il alterne le pire et le meilleur, sans que quiconque parvienne à en expliquer les raisons. Ainsi, on l’a vu passer d’un zéro pointé chez lui, à Misano, à un score parfait au Japon, avant de retomber au plus bas une semaine plus tard, à Mandalika.

Plusieurs éléments pouvaient faire craindre que les retrouvailles avec l’Indonésie soient compliquées pour lui. La piste était pressentie comme difficile pour les Ducati, et elle l’a clairement été. La carcasse plus rigide utilisée pour le pneu arrière modifiait les sensations et la manière dont le grip était extrait. D’autre part, Bagnaia a retrouvé des disques de frein plus petits qu’à Motegi, où comme en Aragón, on pouvait craindre que cela ait pu contribuer à améliorer son ressenti de manière trompeuse.

On pouvait difficilement s’attendre à une telle claque, cependant. D’autant que les éléments encourageants pesaient plus dans la balance au moment d’attaquer le week-end, et que Bagnaia comme son équipe s’attachaient à l’espoir que les difficultés d’hier soient enfin bel et bien dépassées. La chute n’en a été que plus rude lorsque le pilote s’est installé dans la partie basse de la hiérarchie pour ne plus la quitter du week-end, en proie à des sensations si mauvaises qu’il se sentait passager de sa moto et en est même venu à questionner la sécurité.

Davide Tardozzi, team manager de l'équipe officielle Ducati

Davide Tardozzi, team manager de l’équipe officielle Ducati

Photo de: Andreas Solaro / AFP via Getty Images

Tout au long du week-end, c’est Davide Tardozzi qui a pris la parole pour le compte de Ducati. Inlassablement, le team manager de l’équipe d’usine est allé au charbon. D’abord pour tenter maladroitement de faire valoir la communication de la marque sur un sujet qui, par manque de clarté, a entraîné des spéculations quant à la nature du matériel testé par Bagnaia au lendemain du GP de Saint-Marin et qui aurait marqué un tournant pour l’emmener ensuite vers ses succès du Japon. Puis pour essayer d’apporter un commentaire audible face à une situation de plus en plus douloureuse pour l’Italien.

On ne pourra certainement pas reprocher à Davide Tardozzi de ne pas tout faire pour convaincre que Ducati aide son pilote. « Après un week-end incroyable au Japon, Pecco a été confronté à un week-end très difficile [en Indonésie]. Nous réfléchissons vraiment à ce qui s’est passé, et Gigi et les ingénieurs sont concentrés sur ce sujet », a-t-il affirmé au micro du site officiel MotoGP après ce week-end éprouvant.

« Nous avons confiance dans la vitesse de Pecco et il faut que nous comprenions pourquoi ce désastre s’est produit ce week-end. Nous sommes tous ensemble, concentrés pour retrouver le sommet de la hiérarchie à Phillip Island, qui est l’une des pistes favorites de Pecco. »

Aujourd’hui, personne ne semble encore savoir quelle est la part de technique et de mental dans le chemin de croix de Pecco Bagnaia, Gigi Dall’Igna ayant lui-même souligné que tout ne pouvait pas venir de sa moto. Mais après des mois de recherches de solutions techniques, au cours desquels certaines orientations ont montré des signes encourageants sans jamais se confirmer sur la durée, Davide Tardozzi continue de témoigner des efforts des ingénieurs de Ducati qui allaient, selon lui, connaître une semaine « très dure » afin de « réfléchir à ce qui s’est passé » en Indonésie.

Les ingénieurs Ducati vont-ils enfin trouver une solution pour aider Pecco Bagnaia ?

Les ingénieurs Ducati vont-ils enfin trouver une solution pour aider Pecco Bagnaia ?

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

« Si nous le savions, nous l’aurions déjà réglé », a-t-il ajouté, questionné sur la raison d’un revirement si brutal entre Motegi et Mandalika. « Nous n’avons pas encore résolu [la situation] et nous nous concentrés sur le fait d’y arriver avant Phillip Island », poursuivait le responsable italien, qui avait pourtant été le premier à affirmer, dès les premiers essais japonais, que la situation était réglée, précisément grâce aux changements opérés lors du test de Misano. Force est de constater que ça n’est pas le cas, pour ne pas dire que Bagnaia semble même revenu à la case départ.

« Ses problèmes nous paraissent étranges, ce manque de feeling de Pecco sur cette piste, mais cela arrive. Nous savons que nous devons être focalisés sur la moto de Pecco et sur ses sensations parce qu’il semble qu’au final, la Ducati ne fonctionnait pas si mal que ça à la fin du week-end. Nous avons eu du mal au début, vendredi, mais ensuite Fermín [Aldeguer] et Álex [Márquez] ont montré que le potentiel de la moto était là. Nous devons donc y réfléchir et trouver une solution. »

Davide Tardozzi est-il inquiet que l’on en soit toujours à ce stade à quatre Grands Prix de la fin du championnat ? « Je ne suis pas inquiet parce que je fais confiance à nos pilotes, je fais absolument confiance à Pecco, et je fais confiance à nos ingénieurs. Donc je ne suis pas inquiet. Depuis plusieurs courses, nous avons dit que la vitesse de Pecco était toujours là et il l’a démontré au Japon. Je continue de penser que la vitesse de Pecco est bien là et je fais confiance à nos ingénieurs pour trouver une solution. »

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