Interpellée lundi, une avocate inscrite au barreau de Rouen a été placée en détention provisoire vendredi 10 octobre. Et ce à l’issue de 96 heures de garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Rouen, le maximum autorisé concernant un trafic de drogues. Présentée devant un juge d’instruction de la JIRS de Lille, la juridiction interrégionale spécialisée, cette avocate spécialisée dans le droit pénal a été mise en examen pour six chefs de poursuite dont « participation à une association de malfaiteurs », « complicité d’importation non autorisée de stupéfiants en bande organisée », « complicité de transport et détention de stupéfiants », « révélation d’informations sur une enquête ou une instruction » en lien avec la criminalité organisée ou encore « blanchiment ».

Un réseau entre l’Espagne et le nord de la France, dont les agglomérations de Rouen et du Havre

Elle est soupçonnée d’être impliquée dans un vaste réseau de trafic de cannabis entre l’Espagne, le nord de la France et les agglomérations de Rouen et du Havre. Selon le procureur de la République de Lille, Samuel Finielz, ce trafic « était mené de manière intensive, de multiples go-fasts étant objectivés depuis le début de l’année 2025, selon un rythme hebdomadaire ». Le début de cette affaire remonte au 17 mars dernier, avec l’ouverture d’une enquête préliminaire, sous l’autorité de la JIRS de Lille après le dessaisissement du parquet du Havre, puis d’une information judiciaire le 21 mars à un juge d’instruction. Plusieurs mois d’investigations ont permis de mettre à jour « un réseau organisé par voie routière, du cannabis depuis l’Espagne à destination du nord de la France et des agglomérations de Rouen et du Havre ». Plusieurs convois, « composés de véhicules de grosse cylindrée faussement immatriculés et parfois dotés de caches aménagées », ont été interceptés dans cette enquête et ont permis des saisies de cannabis « comprises entre 100 et plus de 400 kg ». Par ailleurs, Samuel Finielz a précisé qu’une opération de police, menée les dimanche 5 et lundi 6 octobre, notamment par la police judiciaire du Havre, a conduit à l’interpellation de huit personnes.

Dans cette affaire, en plus de l’avocate du barreau de Rouen, sept autres personnes ont été mises en examen et placées en détention provisoire pour « importation non autorisée de stupéfiants » en bande organisée, « acquisition, détention, transport, offre ou cession non autorisés de stupéfiants » et « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ». Deux d’entre elles le sont également pour « blanchiment ». L’avocate rouennaise est ainsi soupçonnée d’avoir outrepassé son rôle de conseil, en renseignant « les personnes visées par la présente information judiciaire » de l’existence d’investigations en cours.

A noter que le bâtonnier de Rouen, Franck Langlois, qui se dit « attristé » pour cette avocate, a indiqué dans un communiqué que « compte tenu de la nature des faits pour lesquels elle a été mise en examen, j’ouvrirai dès lundi une procédure disciplinaire en saisissant le Conseil régional de discipline des avocats auprès la Cour d’appel de Rouen. (…) Si la responsabilité de l’avocate concernée devait être retenue, la sanction pourrait aller jusqu’à sa radiation. » L’avocate a été omise par le Conseil de l’Ordre dès jeudi dernier, « à sa demande », ce qui lui interdit d’exercer.