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Le Portugal s’apprête à réaliser une performance inédite depuis la Révolution des Œillets de 1974 : afficher un excédent budgétaire pour la deuxième année consécutive.
Alors que plusieurs pays européens, dont la France, peinent à maîtriser leurs finances publiques, Lisbonne prévoit un surplus de 0,3 % du PIB en 2025 et de 0,1 % l’année suivante.
Une situation rare en Europe, fruit d’une politique budgétaire rigoureuse et d’un modèle économique fondé sur l’attractivité.
Une réussite budgétaire inédite en Europe
Le gouvernement de centre-droit dirigé par Luís Montenegro table sur une dette publique ramenée à 90,2 % du PIB en 2025, puis à 87,8 % en 2026, contre 93,6 % l’an dernier. L’État portugais dépensera donc moins qu’il ne perçoit, tout en augmentant les retraites et en baissant les impôts.
Ce redressement impressionnant tranche avec la situation française : le Portugal emprunte désormais à 3,09 % sur dix ans, contre 3,5 % pour la France, un signe de confiance des marchés financiers. Parallèlement, le PIB devrait progresser de 2 % en 2025 et de 2,3 % en 2026, tandis que le chômage reculerait à 6 %, selon les projections gouvernementales.
L’héritage d’une décennie d’austérité et de réformes structurelles
Cette stabilité financière est le fruit d’une longue période d’ajustement. Après la crise de la dette de 2010, le Portugal affichait un déficit public record de 9,1 % du PIB et avait dû solliciter un plan de sauvetage de la BCE et du FMI.
En échange, Lisbonne a mené une sévère cure d’austérité :
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Privatisations de grands groupes publics ;
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Augmentation des impôts et de la TVA ;
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Réduction du nombre de fonctionnaires ;
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Réformes du marché du travail pour flexibiliser l’emploi.
À partir de 2015, sous un gouvernement de gauche, cette politique a été complétée par de nouvelles taxes ciblées sur le patrimoine immobilier des plus riches et des mesures sociales pour soutenir la consommation.
Une économie désormais attractive pour les investisseurs
À partir de 2017, le pays a connu ce que les économistes ont surnommé le “miracle portugais”. L’attractivité retrouvée a attiré investisseurs, entrepreneurs et retraités étrangers, séduits par un coût du travail faible et des incitations fiscales avantageuses.
Selon la Direction du Trésor française, la recomposition du tissu économique a été spectaculaire : la baisse de l’emploi agricole et industriel a été compensée par une forte croissance dans le tourisme, les services et les nouvelles technologies.
En 2022, la France est devenue le deuxième investisseur étranger au Portugal, avec 17 milliards d’euros d’investissements directs, derrière l’Espagne. Près de 750 entreprises françaises emploient aujourd’hui 60 000 personnes dans le pays, notamment Somfy, Renault et Auchan.
Les revers du succès : flambée immobilière et exode des jeunes
Mais cette prospérité a un coût social. Depuis 2015, les prix de l’immobilier ont bondi de 124 %, selon Eurostat, contre une moyenne de 53 % dans l’Union européenne. L’arrivée massive de touristes et de retraités étrangers a provoqué une crise du logement dans les grandes villes, au détriment des classes moyennes et populaires.
Cette situation accentue un autre phénomène préoccupant : l’émigration des jeunes Portugais. Un tiers des 15-39 ans vit aujourd’hui à l’étranger, une perte de talents qui fragilise le renouvellement démographique et le dynamisme intérieur.
Un modèle stable mais fragile politiquement
Malgré cette réussite économique, le gouvernement portugais reste minoritaire au Parlement. L’émergence du parti d’extrême droite Chega (“Assez”), devenu la deuxième force politique du pays, complique la tâche du Premier ministre Luís Montenegro.
Celui-ci devra négocier chaque texte budgétaire avec le Parti socialiste, sans possibilité de dissoudre l’Assemblée avant la fin de son mandat en mars 2026.
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