Par

Mathilde Carnet

Publié le

23 avr. 2025 à 7h06

« J’ai mis trois jours à réaliser ! » Encore sur un petit nuage, Stéphanie Barillier évoque avec émotion le congrès des métiers de l’image, qui a eu lieu cette année fin mars, à Toulon.

C’est là, entouré de centaines de photographes professionnels comme elle, que Stéphanie a reçu le titre de Portraitiste de France. « Pour les photographes, c’est comme recevoir une étoile Michelin pour les cuisiniers », appuie la professionnelle basée à La Saussaye (Eure).

Une seule année d’activité

Une fierté d’autant plus grande que Stéphanie Barillier vient de lancer son activité. En février dernier, cela a fait tout juste un an qu’elle a ouvert son studio. Cette ancienne infirmière en psychiatrie a toujours pratiqué la photo et a osé se lancer, l’an passé, afin de faire de sa passion son métier. « Je retrouve dans la photo ce que j’aimais dans mon métier d’infirmière : le contact humain et l’écoute des besoins. »

Depuis un an, la photographe s’épanouit entre les shootings au studio pour des naissances et des modèles, les sessions en extérieur pour des entreprises ou encore les grands événements comme les mariages et baptêmes. « Je communique beaucoup et le bouche-à-oreille fonctionne très bien », dit-elle, enthousiaste.

Je ne pensais pas avoir le niveau, mais je voulais m’entraîner et voir de quoi j’étais capable.

Alors Stéphanie n’a pas beaucoup hésité à participer au concours de Portraitiste de France, organisé tous les deux ans par la Fédération Française de la Photographie et des Métiers de l’Image (FFPMI). « C’est de la haute voltige », explique Stéphanie. « Je ne pensais pas du tout avoir le niveau, mais je voulais m’entraîner et voir de quoi j’étais capable. »

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Photo Stéphanie Barillier photographe La Saussaye
« À travers cette image, j’ai voulu dire que la vieillesse n’est ni grise ni discrète : elle peut être drôle, vibrante, et furieusement stylée. » ©Stéphanie Barillier photographe

Pendant huit mois, la photographe prépare son dossier : elle a 12 photos à réaliser, sur des thèmes imposés. Une femme enceinte, deux enfants, une personne de plus de 60 ans avec un animal, une famille ou des mariés étaient à immortaliser. « Le jury recherche la cohérence entre les clichés, à comprendre l’univers du photographe », ajoute Stéphanie.

Photographe pour âmes sensibles

La spécificité de Stéphanie Barillier, c’est sa sensibilité. Pour ne pas quitter totalement l’aspect profondément humain de son ancien métier d’infirmière, elle a mis en place la photographie  » thérapeutique « .  » Je reconnecte des femmes, essentiellement, à leurs corps, grâce à la photo.  » Grosse prise ou perte de poids, corps pendant ou après la maladie, Stéphanie effectue des séances spéciales avec des femmes qui ont besoin de retrouver confiance en elles.  » Certaines ne se reconnaissent plus, n’osent plus se regarder « , raconte Stéphanie. Avant la séance, il y a un long moment d’échanges où les clientes expriment ce qu’elles attendent du shooting. Puis, le jour de la session,  » on rentre dans l’intime « . Le modèle, via la photographie, peut extérioriser ses émotions.  » Il y a beaucoup de pleurs, de souffrance. Ce ne sont pas de belles photos tout le temps. Puis, on fait des photos sur l’avenir, sur ce vers quoi elles veulent tendre, et le sourire revient. « 

Alors, avant tout shooting, elle réfléchit, imagine, dessine, pour que ses photographies reflètent sa personnalité. « Mon univers, c’est la sensibilité et l’émotion. Je ne veux pas faire de belles photos, je veux faire des photos qui touchent. » Pendant les séances, Stéphanie essaie donc de transmettre à ses modèles les émotions qu’elle veut partager sur ses clichés.

Je ne veux pas faire de belles photos, je veux faire des photos qui touchent.

Une fois les photos réalisées, il faut les envoyer numériquement, mais aussi sur tirage. Le jury doit ensuite les noter. De nombreux critères sont pris en compte : la créativité, la gestion de la lumière, la gestuelle ou encore la qualité du tirage. Dans le jury, on compte plusieurs MOF (meilleurs ouvriers de France), des grosses pointures de la profession.

Étant autodidacte, même si elle a fait plusieurs formations et a fait partie du club photo de Rouen, Stéphanie Barillier n’y croyait pas. « Quand j’ai entendu mon nom, je me suis dit qu’ils s’étaient trompés », rigole-t-elle.

Photo Stéphanie Barillier photographe La Saussaye
« L’ensemble de la composition dégage une sensualité épurée, sans ostentation, qui célèbre la beauté féminine dans ce qu’elle a de plus noble et intemporel. » ©Stéphanie Barillier photographeUn concours de « haute voltige »

Finalement, la photographe reçoit ses notes et sa moyenne. Elle fait partie des 170 lauréats retenus sur les 406 dossiers envoyés. Parmi ses photographies, celle de l’ancienne candidate pour Miss Normandie, Gabrielle Bachelier, qui vit dans le village, s’est particulièrement démarquée. « C’est une photo très technique, prise au studio. L’éclairage est pointu, je savais exactement qu’elle pose devait avoir Gabrielle », explique Stéphanie. Un voile entoure le modèle et met en valeur la beauté de la jeune femme.

Ce titre de Portraitiste de France est une véritable reconnaissance du travail de Stéphanie et un gage de qualité pour ses clients. « Je garde ce titre pendant 4 ans, mais il ne changera pas ma pratique : j’y mettrai, comme toujours, tout mon cœur. »

Stéphanie Barillier photographie, 30 rue de Bostenney à La Saussaye – [email protected]

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