À seulement 28 ans, Milena Surreau a déjà vécu mille vies. Mordue de football, de tennis, elle devient championne d’Europe de para-badminton le 5 octobre. Ces dernières années, la fan des Verts de « Saint-É » a également sorti un album aux influences rock and folk, travaillé dans les marais salants en Bretagne, lancé un podcast, ainsi qu’une association de formation de chiens d’assistance pour autistes. Un parcours détonnant, presque dur à suivre, marqué par les approximations médicales, le feu sacré de la compétition et une rage de vaincre à toute épreuve.
Retour en arrière. Gamine, « Mimi » adore le ballon rond et rêve de haut niveau. Mais à 9 ans, on lui explique qu’elle ne pourra bientôt plus taper dans le cuir puisqu’il n’y a pas d’équipe féminine près de chez elle. Tant pis, elle brillera ailleurs. À peine adolescente, ses jambes la font grandement souffrir, sans que personne ne s’en inquiète. « Tu dois être en train de grandir », lui rétorque-t-on, en pensant qu’elle s’est trompée de voie avec son sport-études tennis.
À 18 ans, son autisme est détecté, véritable tournant sur son chemin. Enfin, la Bretonne comprend mieux ses besoins, ses limites ; enfin elle peut adapter son quotidien sans devoir composer avec des idées noires, sans cesse sur la brèche. Pour tromper le temps en lieu et place des entraînements manqués pour blessure, elle se tourne vers la musique. Décidément douée, Milena intègre un orchestre, enregistre un album solo.
Le sport s’est éloigné. Mais le sport revient. Avec le Covid, les concerts s’arrêtent, les musicien·nes sont jugé·es « non essentiel·les ». D’autant que Milena a besoin de dépenser moins d’énergie sur les routes en tournée. Elle devient paludière à Guérande, s’épanouit au grand air. Mais sa détresse physique empire.
Elle enchaîne les consultations jusqu’à rencontrer ce médecin, le premier à lui toucher les jambes, qui lui diagnostique une maladie dégénérative. Nouveau tournant. Désormais reconnue « malade », Milena se projette de nouveau dans l’excellence sportive. Badiste avec les valides, elle passe les classifications. Son talent fait le reste.
Elle rejoint rapidement l’équipe de France, se qualifie pour les Jeux de Paris. Malgré une ambiance folle, elle perd ses premiers matchs, l’aventure s’arrête… Los Angeles 2028 se présente comme nouvel objectif. Son récent titre continental est une suite logique vers la Cité des anges.
Dans le train qui la mène à l’entraînement, à Rennes et à Nantes, celle qui se présente comme « une tétra qui marche à temps partiel » gère ses réseaux, sa recherche de sponsors et l’ensemble de ses projets. La championne répète avoir besoin de beaucoup de repos, en raison de son autisme notamment, pour récupérer de ses efforts. On la croit sur parole.
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