Par

Glenn Gillet

Publié le

12 oct. 2025 à 19h35

Il enchaîne les selfies et les poignées de main avec des dizaines et des dizaines de personnes venues lui dire « merci ». Benamar, 38 ans est plus connu sous le nom de « Ben le patriote » sur les réseaux sociaux, lui qui cumule plus de 360 000 abonnés sur TikTok, autant sur Instagram, et près 50 000 sur Facebook. Aux côtés d’autres influenceurs qui se revendiquent comme lui « patriotes » et de groupes en ligne comme « Les patriotes de la diversité », celui qui assure n’en avoir « rien à foutre de la politique » a appelé à manifester ce dimanche 12 octobre « pour lever le drapeau » à Paris.

« Fierté d’être Français » et proximité avec la droite et l’extrême droite

Sans chiffres officiels à ce stade, on estime que plusieurs milliers de manifestants ont ainsi battu le pavé entre République et Nation en agitant des drapeaux bleu blanc rouge. Les participants ont repris des slogans comme « On est chez nous » et « Aimez-la ou quittez-la », sous-entendu « la France », multiplié les reprises de La Marseillaise, tout en huant copieusement les drapeaux palestiniens suspendus aux fenêtres de certains immeubles. Quelques personnalités également marquées à droite voire à l’extrême droite étaient présentes comme la députée macroniste Shannon Seban ou Florian Philippot, ex-bras droit de Marine Le Pen. Des militantes du groupe de féministes d’extrême droite Némésis tractaient également sur place, tandis qu’un journaliste du média Frontières, proche de Reconquête et financé par partisans d’une « union des droites » des Républicains à Reconquête, a été acclamé par la foule.

Interrogés, les manifestants évoquent le plus souvent leur regret de ne pas pouvoir revendiquer leur « fierté d’être Français » et le drapeau tricolore. Ils demandent notamment un contrôle accru de l’immigration et revendiquent pour la plupart une affiliation politique « de droite », certains faisant part de leur sympathie pour le Rassemblement national et Reconquête quand d’autres se disent abstentionnistes ou demandent la formation d’un « gouvernement technique ». La plupart revendiquent par ailleurs un rejet de la gauche, notamment de la France insoumise.


« Ben le patriote » (droite) a été l’un des initiateurs de cette mobilisation du 12 octobre. (©GG / actu Paris)

Face à un appel à manifester qui a reçu un certain « Ben le patriote », basé à Perpignan, travaille comme pompier militaire dans l’Armée de terre. C’est d’ailleurs sa situation professionnelle et la neutralité politique qui lui est associée qu’il invoque lorsqu’actu Paris lui demande s’il a une quelconque ambition électorale. « Je respecte la démocratie, chacun a sa sensibilité mais le but n’est pas politique », explique-t-il. Sans revendiquer aucune affiliation idéologique, il demande tout de même aux personnes rassemblées place de la République au début de la manifestation de « ramasser tous les déchets, parce qu’on n’est pas des gauchistes ».

Il estime par ailleurs que « la gauche a du mal à brandir le drapeau français », qui ne devrait selon lui pas être connoté politiquement puisqu’il est « un symbole d’unité », et cela « peu importe les opinions politiques, la couleur de peau ou les religions ». Lui-même se dit « fier de ses origines algériennes » et ne fait pas mystère du fait qu’il est musulman, tout en revendiquant un attachement viscéral à la France. « L’ultra-droite m’attaque parce qu’elle dit que je suis un islamiste et l’extrême gauche me traite de harki ou d’arabe de service », souligne-t-il. Malgré les attaques, il affirme vouloir structurer ce mouvement de « patriotes » pour pouvoir organiser d’autres événements, dont des manifestations, à l’avenir.

Des manifestations de ce type qui restent rares à Paris

Mobilisée après l’appel lancé par le collectif d’influenceurs, Sylvie, 63 ans et prothésiste dentaire retraitée vivant à Paris, explique être venue pour « défendre les valeurs de la France », un « pays d’accueil, où peut s’exprimer, s’habiller comme on veut », mais où elle souhaite continuer à « pouvoir fêter Pâques et Noël » et faire vivre les « traditions français ». Regrettant le fait que la France soit parfois dépeinte « comme un pays de fachos, de colonialistes », elle se dit « triste qu’il n’y ait pas plus de monde » pour la défendre ce dimanche. Côté politique, aucune personnalité ne trouve vraiment grâce à ses yeux, elle estime que « l’extrême droite s’est améliorée, même si le message reste assez raciste par moments ».

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Camille, 26 ans, juriste également originaire du sud de la banlieue parisienne, se dit quant à lui sympathisant de Reconquête mais avant tout partisan de l’union des droites. Il dénonce le fait qu’« aujourd’hui, dire qu’on est patriote ou parler d’identité ce sont des gros mots », un état de fait dont il trouve la source dans le « battage politique et médiatique » qu’il dit constater à l’encontre des idées « de droite », réfutant par ailleurs le qualificatif d’extrême droite. Il estime que cette manifestation pourra participer à ce que les gens « n’aient plus honte d’être de droite » et espère qu’un autre événement de ce type aura bientôt lieu dans la capitale. Même espoir pour Damien, 39 ans, venu de Seine-et-Marne et qui affirme son intention de voter RN en 2027, après avoir voté LFI en 2017 mais déçu depuis par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon qu’il décrit comme « pro-islamique ».

Les rassemblements défendant des idées de droite et d’extrême droite sont habituellement rares à Paris, hormis lors de meetings politiques en période électorale. En avril, c’est le Rassemblement national qui avait réuni plusieurs milliers de personnes du côté des Invalides, pour dénoncer la condamnation de Marine Le Pen à deux ans de prison dont deux fermes et cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds dans l’affaire des assistants au Parlement européen.

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