Posted On 23 avril 2025
Le sketch continue et pourrait prêter à rire s’il ne constituait pas à jeter l’argent des contribuables métropolitains par la fenêtre. Alors que le devenir de l’ex siège de la chambre de commerce (à Hoche) n’est toujours pas établi, la métropole a suspendu l’appel à projet qu’elle avait lancé en grande pompe…
UN ACHAT À 8 MILLIONS SANS STRATÉGIE
L’historique de ce bâtiment a tout de la mauvaise farce. Après qu’il ait accueilli la CCI, un opérateur privé prévoyait d’en faire une maison de retraite et un centre médical. Malgré ce projet largement soutenu qui répondait à un vrai besoin, Eric Piolle et Christophe Ferrari ont décidé en 2020 de préempter pour 8 millions d’euros… sans aucune stratégie à long et moyen terme. Seule ambition : l’accueil temporaire des services métropolitains pendant les travaux de construction du nouveau siège de la collectivité.
La préemption à prix d’or au détriment d’un projet de santé avait été vivement dénoncée, par les collectifs d’habitants et par le groupe d’Alain Carignon
UN APPEL À PROJET TÉLÉGUIDÉ
Pour trouver quoi faire de ces immenses locaux ensuite, ils ont alors lancé en 2023 un « appel à projet » sur le devenir des lieux une fois les services partis. Vaste opération qui prévoyait que d’ici fin 2024, quelques offres auraient été soumises pour faire quelque chose du bâtiment, avant une annonce publique et le choix d’un lauréat début 2025. Comme d’habitude, l’appel à projet était téléguidé par les lubies densificatrices des élus Verts/LFI et leurs alliés, en précisant dans les « orientations » qu’il faudrait proposer des logements dont 25% de sociaux. Bonjour la liberté.
Des orientations qui ne laissent guère de choix : les élus veulent densifier, toujours densifier
L’APPEL À PROJET « REPORTÉ »…
Mais il n’y a finalement rien eu de tout ça et il y a quelques semaines, c’est par un mail très sobre que les services de la métropole ont annoncé que « Grenoble Alpes Métropole a pris la décision de suspendre temporairement le processus de l’appel à projets et de reporter la désignation d’un lauréat ». À moins de 11 mois des élections municipales et métropolitaines, il faut plutôt voir dans ce « report » un enterrement en douceur de l’appel à projet qui ne verra sans doute jamais le jour au final.
… POUR RAISON ÉCONOMIQUES
L’argument invoqué est celui de « la conjoncture économique actuelle » qui « rend difficile l’émergence de projets complexes ». Derrière la notion de « conjoncture économique » volontairement floue et généraliste, il faut bien comprendre qu’il s’agit ici de la trajectoire budgétaire catastrophique de la métropole. Contraints de trouver des économies en urgence pour boucler le budget, les élus font sauter l’appel à projet. L’art de faire et défaire.
Le mail du service « participation » de la métropole
DES DÉPENSES POUR RIEN
Mais des dépenses, dont on ne connait pas le montant exact, ont déjà été engagées pour cet appel à projet (à minima pour la communication autour, le personnel métropolitain mobilisé sur ce sujet, le recours à un prestataire…). On retrouve le même schéma, à moindre échelle, que pour le fiasco du projet de liaison métrocâble entre Fontaine et Saint-Martin le Vinoux qui a coûté des millions. La collectivité dépense, et ne va finalement pas au bout.
LA MÉTROPOLE Y RESTERA JUSQU’EN 2028…
Et la gabegie de cet appel à projet s’inscrit dans un contexte plus global de gestion dispendieuse des locaux. Au moment du lancement de l’appel, les services métropolitains étaient censés occuper l’ex CCI de manière temporaire jusqu’à 2026 ou 2027, le temps que les travaux du nouveau siège se terminent. Le mail qui informe de la suspension précise désormais que « le bâtiment reste dans tous les cas occupés par les services de la Métropole jusqu’à début 2028 ».
… ALORS QU’ELLE AURAIT PU S’Y INSTALLER DÉFINITIVEMENT
Le bâtiment sera donc resté sous pavillon métropolitain pendant 6 ans. Si ces locaux ont été capables d’accueillir les services de la métro autant de temps, pourquoi ne seraient-ils pas capables de le faire de manière définitive ? Cette option, même si elle devait entrainer des travaux d’aménagement de l’ex CCI, aurait dans tous les cas été bien moins coûteuse que l’opération de construction du nouveau siège hors de prix rue Malakoff.
Le projet (très dispensable) de nouveau siège de la métropole est passé de 46 à 86 à 110 millions de coût pour la collectivité depuis 2017. Ce sera la seule grande réalisation métropolitaine du mandat.
LA PRIORITÉ DE C. FERRARI : UN NOUVEAU SIÈGE HORS DE PRIX…
Nouveau siège dont le coût est passé de 46 millions d’euros à son lancement à près de 110 millions aujourd’hui sans que la majorité métropolitaine n’y trouve à redire. Une somme colossale que l’équipe de Christophe Ferrari a refusé de remettre en question, ce qui grève aujourd’hui considérablement les capacités d’investissement de la métro. Les élus vont bénéficier d’un nouveau siège rutilant pendant qu’il ne reste plus un centime d’euro pour l’entretien de la voirie à partir de 2026. On mesure les priorités.
… ALORS QUE NOUS AURIONS PU UTILISER LES LOCAUX VIDES
Dans l’intérêt des habitants, il était possible de faire autrement. Par exemple en utilisant l’ex siège de la CCI dont on ne sait que faire aujourd’hui et les nombreux locaux de bureaux vides de la métropole et de la ville pour installer les services, à l’heure où la flexibilité du travail est devenue la norme avec un moindre besoin de grandes salles de réunions, l’essor des visioconférences et du télétravail… Une option qui, outre l’économie des 110 millions d’euros pour le nouveau siège, aurait permis de valoriser ce patrimoine immobilier de la collectivité qui coûte sans rien apporter aujourd’hui faute d’utilisation.
Rue des Alliés, Avenue Marie Reynoard, Chemin de la Poterne.. Ville et métro regorgent de bureaux vides que l’on pourrait utiliser ou vendre
LA QUESTION DU PATRIMOINE DE LA COLLECTIVITÉ EST PRIMORDIALE
Ce scénario d’utilisation de l’existant n’est pas à jeter aux orties car demain, il est tout à fait envisageable de vendre le nouveau siège de Ferrari à un opérateur privé. Cette question du patrimoine de la ville et de la métropole est centrale en vue des élections car il s’agit aujourd’hui d’un poste de dépenses de fonctionnement important, mais potentiellement demain une source de recettes rapides pour retrouver des capacités d’investissement.
Aujourd’hui, le seul à en avoir pris la mesure, et plus globalement à porter dans le débat public la question du « comment » retrouver des capacités financières pour la ville et la métropole est Alain Carignon. C’est cette variable qui permet de mesurer la différence entre ceux qui portent un projet sérieux pour sortir Grenoble de l’ornière, et les démagos qui multiplient les promesses stériles car sans capacité de les mettre en oeuvre.