À Tourrette-Levens, des fouilles préventives sous l’église Sainte Rosalie ont mis au jour un passé qui n’avait jusqu’alors été consigné dans aucun registre.

L’église Sainte Rosalie, située à Tourrette-Levens, dans l’arrière-pays niçois (Alpes-Maritimes), est le résultat d’ajouts et de reconstructions constantes au fil des âges. Les mentions les plus anciennes disponibles dans les archives remontent au 16e siècle. «On n’a donc pas de connaissances directes d’une église antérieure, si ce n’est à travers les légendes urbaines qui évoquent une église à partir du 11e ou 12e siècle», explique Bérangère Jossier. Depuis bientôt une semaine, c’est elle qui dirige les fouilles en cours dans l’édifice pour le compte du service archéologique de la Métropole Nice Côte d’Azur, dont elle dépend.

De récentes découvertes portent à croire que l’église actuelle aurait été construite sur les restes d’une autre, médiévale. Classée monument historique, l’église Sainte Rosalie est touchée depuis plusieurs années par d’«inexplicables» fissures sur ses murs, selon les termes du maire de la commune. «Toutes les peintures avaient pourtant été refaites il y a dix ans, mais ces fissures, larges de quelques millimètres, continuent d’avancer», observe Bertrand Gasiglia. «Nos architectes ont donc demandé le passage de géotechniciens pour vérifier s’il n’y a pas un souci au niveau des fondations. Tout cela sous le contrôle de la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelles, NDLR)», poursuit l’édile.

L’église Sainte Rosalie, ou Notre-Dame de l’Assomption, à Tourrette-Levens, près de Nice (Alpes-Maritimes).
Nicolas Daguin / Le Figaro Nice

Un vieux cimetière paroissial

Lesdits techniciens ont ainsi procédé à une dizaine de sondages ponctuels autour et à l’intérieur du lieu de culte dans le but de déterminer sur quoi exactement les fondations reposent. «Nous, on intervient sur tous ces sondages afin de s’assurer qu’ils ne vont pas impacter des vestiges archéologiques. Or justement, des choses sont rapidement apparues», développe Bérangère Jossier. Notamment de nombreux ossements, sous une quinzaine de centimètres de terre, à peine. «Il s’agit d’une partie de l’ancien cimetière paroissial. Ce qui n’a en soi rien d’étonnant dans ce cas de figure, c’est quelque chose que l’on retrouve très souvent à l’époque médiévale et moderne. Mais c’est d’autant plus intéressant ici que ça se passe à l’intérieur de l’église. Ce qui fut longtemps le cimetière extérieur a été avalé par les reconstructions successives», décrypte l’archéologue.

Les ossements découverts et leur emplacement précis sont consignés par les archéologues. Ici, on devine le haut d’un crâne, légèrement cuivré, au fond du trou.
Nicolas Daguin, Le Figaro Nice

Outre les ossements, il est surtout question d’anciennes fondations qu’aucun registre ne mentionnait formellement jusqu’ici. «Il s’agit potentiellement de l’église primitive. On a en tout cas un bruit de fond médiéval, mais ce n’est pas sûr. On trouve aussi du matériel résiduel, tels des fragments de vitraux qui ont tout l’air d’être médiévaux, de la céramique. Mais aussi les négatifs de cercueils avec des rectangles, les traces du bois et les clous en place», égraine Bérangère Jossier.

Les fouilles doivent se poursuivre jusqu’au 30 avril. Après quoi l’église sera rendue aux fidèles. «Évidemment, avec les petits sondages que l’on a, on ne va pas pouvoir dire beaucoup de choses… L’objectif principal de ces derniers, en l’état, est de déterminer sur quoi repose l’église. Scientifiquement parlant on aurait donc beaucoup de choses à voir si l’on ouvrait plus, mais ce n’est pas à l’ordre du jour», conclut l’archéologue.