À l’approche de la flamme rouge, les deux jeunes Français, qui ont parfaitement collaboré toute l’après-midi, comptaient toujours une dizaine de secondes d’avance. Mais le duo s’est alors arrêté d’un coup de rouler, chacun refusant d’emmener éventuellement l’autre à la victoire.

« On est un peu stupides de se regarder dans le final, mais je voulais gagner et pas faire deuxième. Je voulais qu’il emmène le sprint et être derrière. Et lui me disait : tu es à la maison, c’est à toi d’assumer », a expliqué à l’arrivée Thibaud Gruel (Groupama-FDJ), qui est né à Tours.

« À la radio, on me disait : ne craque pas, ne craque pas, alors que je mourrais d’envie de craquer. Et lui non plus n’a pas craqué », a-t-il ajouté. « J’espérais qu’il craque, c’est la course, c’est comme ça », a déclaré pour sa part Paul Lapeira (Decathlon-AG2R), champion de France 2024, finalement quatrième juste devant Gruel.

Trentin triple la mise

Ce jeu de neutralisation, fréquent dans le cyclisme mais rarement aussi spectaculaire, a permis aux quatre poursuivants de rentrer en un rien de temps. Et c’est Matteo Trentin qui a coiffé tout le monde sur le poteau, dont un Christophe Laporte au bord des crampes, pour remporter son troisième Paris-Tours après 2015 et 2017.

« Ça faisait un bail », a commenté l’Italien de l’équipe Tudor, ravi de décrocher enfin son premier succès de la saison. « On n’arrivait pas à s’approcher à moins de dix secondes des deux (échappés) mais on savait qu’ils pouvaient se regarder dans le final et c’est ce qui s’est passé », a-t-il ajouté, hilare.