Depuis le 3 octobre et jusqu’au 23 novembre, la photographe bretonne multiprimée Juliette Pavy présente son exposition « Sous la glace de l’Arctique, le mercure », à l’espace culturel le Kiosque, à Vannes (Morbihan). Elle y dévoile quarante clichés portant sur la présence du mercure dans les populations Inuits du Groenland et du Canada.
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« Le constat est alarmant, prévient Juliette Pavy. Ces 150 dernières années, avec la révolution industrielle et la construction d’usines à charbon, les émissions de mercure ont été multipliées par dix dans le monde. » Un métal, interdit en France depuis 1999, qui a des répercussions sévères chez les humains qui y sont exposés : il a des effets toxiques sur les systèmes nerveux, immunitaires et digestifs. Il favorise les maladies cardiovasculaires et affecte le développement du fœtus chez les femmes enceintes.
En 2024, Juliette Pavy a été nommée photographe de l’année aux Sony World Photography Awards. Une première pour une Française.
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© Bruno Van Wassenhove / France 3 bretagne
La photojournaliste Juliette Pavy, originaire de Vannes (Morbihan), a cherché les lieux et les populations qui sont les plus exposées à ce métal. Deux endroits sont sortis du lot : le Groenland et le Nunavut, un territoire canadien. « Lorsqu’il sort des centrales à charbon, le mercure met seulement une semaine à rejoindre l’Arctique, résume la photographe. Il se prend dans les vents dominants et se retrouve prisonnier sous les glaces. »
Avec le réchauffement climatique, le mercure prisonnier des glaces se répand dans les rivières et les sols.
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© Photographie Juliette Pavy
Les terres gelées de l’Arctique sont les plus grandes réserves de mercure au monde.
Juliette Pavy
Photojournaliste
Après plusieurs voyages en Allemagne pour comprendre le fonctionnement des centrales à charbon, Juliette Pavy, première Française élue photographe de l’année aux Sony World Photography Awards, s’est envolée vers ces deux contrées à la rencontre des Inuits, les populations locales touchées. « J’ai passé énormément de temps avec eux, que ce soit au sein des familles, avec des pêcheurs ou des chasseurs, raconte-t-elle. J’ai voulu voir l’impact réel du mercure sur les paysages, les animaux et les habitants. »
Le mercure se retrouve dans les poissons consommés par les Inuits.
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© Photographie Juliette Pavy
Les Inuits ont un taux de mercure huit fois plus élevé que les autres populations canadiennes.
Juliette Pavy
Photojournaliste
Sur place, elle ne peut que constater l’omniprésence du métal. S’il est d’abord prisonnier sous la glace, il ne tarde pas à se libérer dans les sols et les rivières lors du dégel des couches de glace, accéléré par le réchauffement climatique. Le mercure se fraie alors un chemin parmi les poissons, le bétail et les rares plantes cultivées. « Pourtant, reprend Juliette Pavy, la chasse et la pêche sont fondamentales pour ces territoires, puisque les importations de nourriture sont excessivement chères. Pour eux, ces activités sont fondamentales, c’est une question de survie. »
Le mercure a des répercussions considérables pour la santé de l’homme.
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© Photographie Juliette Pavy
De ce reportage au long cours, la photographe aussi formée à la biologie a retenu quelque quarante clichés sur plusieurs centaines de prises. « Ça n’a pas été facile d’en sélectionner si peu pour raconter ces histoires, avoue Juliette Pavy. J’ai surtout tenu à ce qu’elles informent le public, qu’elles soient aussi esthétiques et qu’elles capturent la réalité des personnages et des paysages. »
Pour documenter ce reportage, Juliette Pavy a vécu avec des familles inuits.
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© Photographie Juliette Pavy
Cette fine sélection, pensée aussi en commun avec les sept autres photographes du collectif Hors format dont elle est membre, est présentée au Kiosque de Vannes depuis le 3 octobre. « C’est important pour moi de revenir à Vannes, puisque j’y ai ma famille et mes amis, confie la photographe. Je suis très attachée à certains lieux comme la grande plage de Carnac ou la Côte sauvage de Quiberon. Ça fait du bien de revenir. »
L’exposition est à retrouver au Kiosque de Vannes jusqu’au 23 novembre. Elle est gratuite.
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© Photographie Juliette Pavy
La photographe bretonne, qui revient d’un séjour au Groenland et d’un voyage à bord de la flottille partie pour Gaza, quitte un temps « l’action et la réalisation » pour la « transmission de ces histoires et de ces vies » au Nunavut. Gratuite, l’exposition est ouverte jusqu’au 23 novembre.
Avec Carine Mordrelle / France Télévisions