Par

Ugo Maillard

Publié le

13 oct. 2025 à 11h30

La préfecture des Alpes-Maritimes a livré des mesures pour limiter la présence des bateaux de croisière dans les ports du département, ce vendredi 10 octobre 2025. Une annonce qui vient ponctuer un travail initié en juillet et qui a réuni tous les acteurs, qu’ils soient publics ou privés. L’objectif est de donner un cadre clair et commun que les croisiéristes devront respecter sur l’ensemble des ports et des rades du département.

Cette charte vient notamment répondre aux demandes du maire de Nice, d’interdire les bateaux de croisière de plus de 2 500 passagers. Demande jugée illégale par le tribunal administratif.

Les nouvelles mesures formulées par la préfecture font par exemple état d’une limitation à une moyenne annuelle de 2000 passagers débarqués par escale et par port. Des restrictions qui n’ont pas l’air de satisfaire tous les acteurs locaux.

Aucune dérogation possible

Le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux a précisé auprès de la rédaction d’actu Nice que les mesures présentées seront soumises à la consultation publique. Une consultation qui doit durer 21 jours, le délai légal.

Pour autant, il affirme « qu’aucune dérogation ne sera mise en place dans les communes, que ce soit pour alléger les mesures ou les renforcer ».

« Les tables rondes se sont bien déroulées. Chaque partie a pu exposer son point de vue et ses volontés. Les services de la préfecture ont tranché pour livrer cette charte unique en France », tient à rappeler le représentant de l’État dans les Alpes-Maritimes.

« Un constat d’échec » pour le maire de Nice

Quelques dizaines de minutes après les annonces de la préfecture des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi a réagi. Le maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d’Azur parle de « constat d’échec ».

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« En l’état, ces propositions auraient un impact marginal sur le littoral niçois et métropolitain. Elles ne répondent pas aux attentes légitimes des habitants, qui demandent avant tout à vivre dans un environnement sain et préservé », dénonce Christian Estrosi.

Le maire de Nice réclame un durcissement des mesures annoncées avec notamment la volonté de « bannir l’accès des géants des mers, incompatibles avec les équilibres fragiles de notre littoral ».

Si cela n’est pas fait, l’élu menace d’engager « une procédure contre l’État pour carence fautive, afin de faire reconnaître la responsabilité publique dans la protection de la santé de nos concitoyens et de leur littoral ».

Cannes souhaite des mesures locales

L’insatisfaction est également de mise à Cannes. La mairie cannoise, dirigée par David Lisnard a salué « un début de prise de conscience » tout en dénonçant une remise en cause des « décisions souveraines prises par les élus au nom des habitants concernés ».

« En adoptant une approche uniforme pour l’ensemble des communes littorales, l’État fait abstraction des spécificités territoriales et des choix exprimés localement en matière de protection environnementale et de modèle de développement touristique », regrette les services municipaux cannois.

À Cannes, la municipalité a pris des décisions fortes, concrètes et juridiquement encadrées dès 2022, avec une mise en œuvre prévue dès 2026 : réduction de 48 % du nombre d’escales de navires de plus de 3 000 passagers, plafonnement à un seul de ces navires simultanément en baie, développement des escales de plus petits navires plus propres, et limitation progressive à une jauge maximale de 1 300 passagers par navire à horizon 2030.

En comparaison, les seuils retenus par le Préfet — jusqu’à 3 000 passagers simultanément et une moyenne de 2 000 par escale — sont trop élevés et apparaissent nettement plus permissifs. Ils ne permettent ni une réelle réduction de l’impact environnemental, ni une réponse adaptée aux attentes des habitants.

Mairie de Cannes

La Ville de Cannes réaffirme sa volonté d’appliquer « une politique locale plus exigeante et rigoureuse ».

L’Union Maritime approuve les annonces

Dans cet océan de mécontentement, l’Union Maritime des Alpes-Maritimes semble bien seule. L’association des professionnels du maritime dans le département « salue la démarche de concertation et de dialogue engagée par l’État pour définir un cadre harmonisé et durable d’accueil des navires de croisière dans le département ».

L’UM06 soutient l’objectif d’une régulation claire, prévisible et partagée, afin d’équilibrer la programmation des escales entre tous les ports du département et de garantir une meilleure visibilité aux compagnies, aux opérateurs portuaires et aux acteurs économiques.

Union Maritime des Alpes-Maritimes

En reprenant une à une les mesures annoncées par le préfet, l’association explique que « la croisière deviendra ainsi la seule activité de transport de passagers soumise à une régulation aussi stricte, bien plus contraignante que celle notamment du transport aérien ».

Elle se réjouit d’un « effort partagé doit être compris comme un pas vers un modèle durable et concerté, loin des décisions unilatérales ou des postures politiques qui ont fragilisé le dialogue ces derniers mois ».

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