Derrière les frappes ukrainiennes, la main de fer des États-Unis ? Depuis plusieurs mois, Kiev bénéficie d’une aide accrue de Washington pour mener des attaques contre des infrastructures énergétiques russes, comme des raffineries de pétrole situées bien au-delà du front, révèle le Financial Times, dimanche 12 octobre.

Selon plusieurs responsables ukrainiens et américains qui s’épanchent à ce sujet dans les colonnes du quotidien britannique, ce soutien consiste surtout en un partage de renseignements permettant aux hommes de Volodymyr Zelensky de viser des cibles sensibles. L’objectif affiché de cette collaboration est d' »affaiblir l’économie de Vladimir Poutine » et de le pousser à négocier.

L’initiative atteint jusqu’alors ses objectifs, puisque les derniers assauts ont engendré une hausse immédiate des prix de l’énergie, obligeant Moscou à réduire ses exportations de diesel et à importer du carburant.

Un tournant crucial en juillet

Ce soutien, qui n’avait pas été rendu public auparavant, se serait intensifié depuis le milieu de l’été, après un appel téléphonique entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky. Le Financial Times rapporte qu’en juillet, le président américain aurait demandé à son homologue ukrainien « s’il pouvait attaquer la Russie en profondeur si Washington lui fournissait des armes à longue portée ».

Le successeur de Joe Biden, qui lui décourageait ces manœuvres, aurait déclaré vouloir « faire ressentir la douleur aux Russes » pour contraindre Vladimir Poutine à la discussion. Confirmant cet échange, la Maison-Blanche a précisé que le chef d’État « posait simplement une question, sans encourager à tuer davantage ».

Trois personnes proches du dossier ont affirmé au journal que les États-Unis étaient « étroitement impliqués dans toutes les étapes de la planification » des offensives. Dans le détail, les services de renseignement américains fournissent les itinéraires, l’altitude et l’heure des frappes pour que les drones échappent aux défenses aériennes russes. Si, officiellement, Kiev choisit les cibles, le pays de l’Oncle Sam fixerait aussi des priorités.

Kiev tait l’appui américain

Le SBU, le service de sécurité ukrainien, a revendiqué ces dernières semaines plusieurs frappes contre de grandes raffineries comme celle de Bashneft-UNPZ à Oufa, à 1 400 km de l’Ukraine, survenue samedi 11 octobre. Au total, 21 des 38 raffineries russes seraient endommagées en raison d’attaques ennemies. Sans confirmer le rôle du renseignement américain, Volodymyr Zelensky avait expliqué, mercredi 8 octobre lors d’un point presse, que ses succès récents étaient dus aux progrès technologiques des drones ukrainiens : « Notre artillerie se développe. Nous en utilisons plus et nous en produisons plus. »

Dimanche 12 octobre, encore, Donald Trump menaçait de livrer des missiles Tomahawk à l’Ukraine « si cette guerre ne se règle pas ». « C’est une arme incroyable et honnêtement, la Russie n’a pas besoin de ça », avait-il ajouté tandis que Volodymyr Zelensky estimait que leur apparition sur le territoire pourrait rendre son rival « plus raisonnable ». Le même jour, Moscou ripostait en bombardant plusieurs installations énergétiques, réparties dans trois régions de l’Ukraine, privant d’électricité une partie du pays.