Il est à l’origine de l’affaire dite des « viols de Mazan ». Sans Laurent Perret, peut-être que Gisèle Pélicot n’aurait jamais rien su. Le sous-brigadier a été le premier à découvrir le calvaire que faisait subir Dominique Pélicot à son épouse. Grâce aux vidéos et photos qu’il a extraites du téléphone de l’homme, alors surpris en septembre 2020 dans un supermarché de Carpentras en train de filmer sous les robes de plusieurs clientes. Le début d’une vaste enquête qui a mené à la condamnation de 51 personnes.
Pour la première fois, le policier a raconté à Ici Vaucluse ses premières découvertes mais aussi comment il a tout appris à Gisèle Pélicot. Tout a débuté avec l’exploitation d’un téléphone sans carte SIM appartenant à Dominique Pélicot. « Lorsque je l’allume, en fait, il n’y a quasiment aucune icône qui apparaît. Il n’y en a que deux. Il y a Skype, et à côté la galerie », s’est-il remémoré, en choisissant alors l’application de messagerie. « Je vois toute une liste de pseudos. J’ouvre la première conversation et je lis. Ça m’interpelle. Je bugue et je me demande si j’ai bien compris ce que je viens de lire. C’était la recette où il expliquait qu’il donnait dix cachets de Temesta 2.5 à son épouse pour l’endormir, et qu’il pouvait venir après. »
Laurent Perret comprend vite qu’il fait face à une affaire très grave. « Je me dis, »tu n’as pas le droit à l’erreur ». Je voulais surtout ne pas faire un vice de procédure », a-t-il encore raconté à la radio locale. Les premières images du calvaire de Gisèle Pélicot arrivent après. L’enquêteur la découvre en petite tenue et endormie. « Je n’ai pas vu des scènes sexuelles. J’ai vu des scènes de violence », résume-t-il, lui qui a ensuite la lourde tâche de la première audition de la victime. « C’est à moi d’expliquer à cette pauvre dame que c’est elle la victime et annoncer à une victime qu’elle a été violée peut-être 300 fois. Ce n’est pas rien. »
Le 2 novembre 2020 au commissariat de Carpentras, Laurent Perret la reçoit et lui révèle l’affaire. « Je lui ai montré une première photo où elle est nue, en porte-jarretelles allongée sur un lit. Et là, elle bugue, elle marque un temps d’arrêt. Je lui ai demandé ce qu’elle voyait. Elle me dit »Mais c’est moi. Je suis dans ma chambre. Je dors. C’est quoi ce porte-jarretelles ? Je n’en mets pas. »
Quels instants plus tard, Gisèle Pélicot comprend doucement. « Mais je ne connais pas ces gens, mais c’est chez moi, c’est mon lit ! Qu’est-ce qu’il me fait ? Je dors. Ils me violent. », lâche-t-elle au sous-brigadier, qui ajoute encore : « Je l’ai perdue. Dans son regard, elle n’était plus là. Je lui pose la dernière question, souhaitez-vous déposer plainte ? Elle arrive à me dire oui et c’est fini, elle est figée devant moi. »