Le commerce extérieur chinois se porte plutôt bien. Les exportations de la première puissance économique asiatique et deuxième mondiale ont grimpé de +8,3 % sur un an en septembre, selon les données publiées ce lundi par les douanes chinoises. Soit leur rythme le plus rapide sur ces six derniers mois, dépassant même les attentes des marchés – les économistes interrogés par différents organes de presse tablaient plutôt sur une hausse autour de +6 %.
Dans le même temps, les importations ont augmenté de +7,4 % sur un an. Une hausse sans précédent depuis plus d’un an et demi – avril 2024 très exactement – et là encore significativement plus importante que celle attendue (environ +2 %).
« Résilience commerciale »
Ces deux signaux sont encourageants pour l’économie chinoise, dont le commerce avec le reste du monde est l’un de ses moteurs. D’autant plus que ses exportations vers les États-Unis, l’un de ses principaux partenaires commerciaux, sont soumises depuis le mois de mai à une hausse de +30 % des droits de douane – qui aurait pu être bien pire si les deux pays ne s’étaient mis d’accord sur une trêve commerciale.
Une guerre commerciale qui se ressent dans les échanges : les envois de produits chinois sur le sol américain ont chuté de -27 % sur un an en septembre.
Pour compenser cette perte, la Chine a trouvé refuge auprès de ses autres partenaires commerciaux. Notamment de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), son plus important, vers qui les expéditions ont progressé de +15,6 % sur un an en septembre. Les membres de l’Union européenne (UE), deuxième partenaire commercial de la Chine, n’ont pas non plus boudé les produits chinois. Les exportations chinoises vers le Vieux Continent ont grimpé de +14,2 % en septembre sur un an, soit la hausse la plus rapide depuis plus de trois ans, rappelle le Wall Street Journal.
« La résilience commerciale de la Chine montre que les droits de douane américains ne sont pas tout », a commenté auprès du quotidien américain Lynn Song, économiste en chef d’ING pour la Grande Chine. Un avis partagé par Xu Tianchen, économiste senior du cabinet Economist Intelligence Unit : « Les firmes chinoises exploitent activement des nouveaux marchés avec le relatif avantage de coût de leurs produits », a-t-il indiqué à l’agence de presse Reuters. Si bien que les États-Unis « représentent désormais seulement moins de 10 % des exportations directes de la Chine », contre 14,8 % en 2023.
L’ombre d’une nouvelle hausse
L’excédent commercial de la Chine s’est toutefois établi en septembre à son niveau le plus bas de ces six derniers mois. Il a atteint 90,5 milliards de dollars (78 milliards d’euros), selon les données des douanes chinoises, alors qu’il a oscillé entre avril et août entre 96 milliards de dollars (82,8 milliards d’euros) et 114,5 milliards de dollars (98,8 milliards d’euros).
Il n’est donc pas encore l’heure pour la Chine de crier victoire. D’autant que « la récente recrudescence des tensions avec les États-Unis présente encore des risques de baisse », a prévenu Zichun Huang, économiste chez Capital Economics, dans une note. Le président américain Donald Trump semble en effet prompt à faire repartir l’escalade commerciale entre les deux grandes puissances. Vendredi dernier, il a annoncé des surtaxes de 100 % sur les produits en provenance de Chine – en plus des actuelles – à partir du 1er novembre « ou avant ». Le dirigeant américain a justifié cette décision comme une réponse aux récentes restrictions décidées par Pékin sur les exportations de terres rares chinoises. Cette mesure du gouvernement chinois, dévoilée la semaine dernière, aurait pour but d’offrir au président chinois Xi Jinping un levier de négociation en vue de discussions avec Donald Trump, qui doivent se tenir courant ce mois d’octobre.
Malgré ce regain de tensions, les économistes s’attendent à ce que l’impact de la nouvelle hausse des droits de douane américains soit limité. « Des droits de douane de 100 % auraient sans aucun doute pour effet d’accentuer la pression sur le secteur chinois de l’export, mais je ne pense pas que l’impact serait aussi important qu’avant », a notamment relativisé Xu Tianchen. L’avenir le confirmera, ou non.