D’après The Telegraph, le rêve britannique des Australiens n’a jamais paru aussi lointain. Longtemps perçue comme un passage obligé, l’expatriation au Royaume-Uni recule fortement : en 2005, le Home Office délivrait 37 375 visas à des Australiens désireux de vivre, de travailler ou d’étudier outre-Manche. En 2024, ils n’étaient plus que 14 953, soit une chute de 60 %. La tendance se vérifie aussi pour le visa vacances-travail (aussi connu sous le nom de “PVT”), très populaire auprès des jeunes : après un pic à 12 745 visas accordés en 2015, le chiffre est tombé à 9 737 en 2024, un recul de 24 % pour les seuls Australiens.

Les raisons sont multiples. Le texte rappelle d’abord la transformation culturelle du pays : “Depuis les années 1960, une société qui était massivement anglo-irlandaise a accueilli des vagues de migrants venus d’Europe du Sud, puis du Vietnam, du Liban, de Chine et aujourd’hui d’Inde. Les lycéens ont plus de chances d’étudier le japonais ou le mandarin que le français.” Dans ce contexte, l’attractivité culturelle du Royaume-Uni s’est érodée.

À cela s’ajoute un verrouillage croissant des conditions d’entrée. Londres a instauré en 2015 une taxe santé obligatoire pour les migrants, initialement fixée à 200 livres sterling (environ 235 euros) par an et aujourd’hui portée à 1 035 livres sterling (environ 1 220 euros). Le quotidien insiste : “Pour un visa vacances-travail, cela représente 1 552 livres sterling [1 820 euros] – une somme considérable pour un Australien de 20 ans qui vient servir des cafés. Les visas “ancestry”, autrefois plébiscités, coûtent désormais plus de 5 000 livres sterling [5 890 euros].”

Résultat : le flux se tarit. Le recensement britannique de 2021 dénombrait moins de 130 000 Australiens installés dans le pays, un chiffre qui décline depuis 2011.

La bascule est nette :

“Les liens de sang et d’histoire s’effacent au profit d’autres horizons. Les diplômés et entrepreneurs préfèrent les États-Unis, attirés par le visa E3, avantageux et renouvelable indéfiniment, ou encore les grandes métropoles d’Asie.”

Entre recul migratoire et durcissement des politiques britanniques, l’époque où le Royaume-Uni faisait figure de “rite de passage” pour des générations entières d’Australiens semble bien révolue.