Intervention de Daniel Lévyne porte-parole de l’UJFP en Bretagne lors du rassemblement rennais de solidarité avec le peuple palestinien.

Merci à tous d’être là en solidarité avec le peuple palestinien menacé de génocide.

En ce moment , ce n’est pas une « guerre Israël-Hamas » qui est en cours, mais une tentative d’anéantissement d’un peuple entier. Ce qui se passe à Gaza c’est bien un génocide au regard du droit international. Il est bien défini par 5 cas et Israël coche 4 des 5 cas. Et dans les territoires occupés, depuis le 7 octobre , les attaques pogromistes des colons contre les villages palestiniens n’ont fait que s’amplifier.

A l’UJFP, nous disions depuis des dizaines d’années « pas de crime en notre nom » , maintenant nous disons : « pas de génocide en notre nom ». Nous le disons à cause de nos histoires car dans nos familles , nous savons ce qu’est un génocide. Beaucoup ont eu de leurs membres comme mon grand-père qui ne sont pas revenus des camps d’extermination nazis. Nous le disons aussi parce que quelque soient pour nous la signification de notre identité juive, le « plus jamais cela » signifie « plus jamais cela pour tous » et non pas « plus jamais cela pour nous seulement », peu importe les autres.

La lutte pour un monde débarrassé des injustices, des discriminations et des oppressions ne peut se faire qu’ensemble, avec toutes les forces luttant pour un monde meilleur. L’Etat d’Israël qui se dit « Etat nation du peuple juif » ne lutte pas contre le racisme antisémite , il ne fait que contribuer à l’amplifier par ses amalgames mortifères entre Juifs , Israéliens et sionistes. Non tous les Juifs ne sont pas des soutiens inconditionnels à la politique israélienne, loin de là. L’opposition au sionisme politique a commencé il y a plus d’un siècle au sein des communautés juives. Et maintenant cette opposition juive ne cesse de s’organiser partout dans le monde, par exemple aux Etats-Unis avec nos amis de Jewish Voice For Peace.

En France le CRIF, censé  représenter les Juifs français ne représente que quelques dizaines d’organismes qu’il fédère. Il n’est qu’une officine constituant une sorte d’ambassade bis d’Israël. Avec nos amis du collectif juif décolonial Tsedek (qui signifie justice en hébreu) nous sommes en France la composante juive du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien.

Ainsi, suite à une visite à Gaza il y a bientôt 10 ans, nous avons collecté des fonds pour améliorer la vie des paysans de Khuza’a, une bourgade de Gaza. Ils avaient besoin d’un château d’eau, puis de matériels pour l’irrigation, puis d’une pépinière. Mais tout cela a été détruit après le 7 octobre. Depuis nous avons récolté des sommes importantes par notre campagne « Urgence guerre à Gaza » pour aider la population avec des distributions d’aide alimentaire, des achats de tentes, des ateliers de soutiens psychologiques et éducatifs pour les femmes et les enfants.

Mais cette solidarité active n’a pas l’air de plaire à tout le monde. La répression s’abat sur le mouvement de solidarité. Outre que la moindre critique de la politique israélienne est qualifiée d’antisémite, des dizaines voire des centaines de militant.es sont inquiété.es par la justice à la suite de plaintes pour « apologie du terrorisme ». L’UJFP n’y a pas échappé puisque le directeur de publication du site de l’UJFP en ma personne a été convoqué à St Malo en juin 2024. Puis le mois dernier il a subi une perquisition en règle, la police emportant des documents, quelques outils informatiques et plusieurs livres. Ceci venant quelques jours après la fermeture de notre compte bancaire sans aucune justification. Il paraitrait donc que cela dérange nos autorités que des Juifs soient solidaires des Palestiniens, qu’ils organisent une collecte pour soulager la souffrance des gens de Gaza écrasés chaque jour sous les bombes israéliennes.

Nos autorités se contentent de condamner verbalement le comportement criminel du gouvernement israélien tout en refusant la moindre sanction , tout en continuant de lui livrer des armes.

Nos autorités se livrent ainsi au tri des Juifs : il y a d’un côté les « bons » juifs qui soutiennent le génocide ouvertement sans que personne n’ose les critiquer (le grand rabbin de France demandant à l’armée israélienne de « finir le travail à Gaza ») et de l’autre les « mauvais » comme nous qui sommes inquiétés parce que nous osons le dénoncer simplement en rappelant le droit international.

Cela ne nous fera pas taire.
De la Méditerranée au Jourdain, égalité des droits. Vive la résistance du peuple palestinien. La Palestine vivra !

PS : enfin il a été lu le témoignage de David Adler