Marie et Sophie, deux mamans montpelliéraines ont quatre enfants, deux paires de jumelles. Mais depuis un an, la demande d’adoption plénière des deux dernières filles est bloquée, faute de décision de justice. Elles alertent sur les conséquences de ces lenteurs.

Maman à plein temps mais sans autorité parentale sur ses deux dernières filles. C’est la situation difficile vécue par Sophie, 45 ans, depuis maintenant un peu plus d’un an. Sa demande d’adoption plénière de ses jumelles nées en 2023, mises au monde par sa femme Marie, est « à l’arrêt ».

Une procédure simple

Une procédure bloquée dans les arcanes du tribunal judiciaire de Montpellier pour des difficultés présumées d’effectifs disponibles. « On a reçu un courrier en octobre 2024 qui nous indiquait que notre dossier avait été transmis au juge avec avis favorable. Depuis c’est à l’arrêt total » observent le couple, marié depuis 2018 et déjà parent de deux jumelles, nées en 2019.

Pour ces dernières, portées par Sophie, la démarche d’adoption déposée par Marie a été validée par la justice au bout de six mois d’attente. Sans difficulté. D’où l’incompréhension des deux mamans devant cette nouvelle situation de blocage sans véritable explication. « Moralement c’est très dur. C’est long et douloureux d’aller quémander un rôle officiel auprès de l’état » regrettent-elles.

« Un sous-effectif important d’agents du greffe »

Les difficultés rencontrées par Marie et Sophie et celles de dossiers similaires, ont été bien identifiées au sein du tribunal judiciaire de Montpellier. Sa présidente, Catherine Lelong précise : « Le parquet civil du tribunal judiciaire a effectivement accumulé du retard dans la notification et la transcription des décisions relatives à l’état des personnes, en particulier en matière d’adoption. Ce retard s’explique par un sous-effectif important d’agents du greffe au sein de service ».

La magistrate ajoute que le nouveau procureur de la république, Thierry Lescouarc’h, qui a pris ses fonctions en septembre, « fait actuellement le point de la situation et ne manquera pas de communiquer sur les délais de résorption de ces procédures particulièrement sensibles, au regard des situations humaines qu’elles engendrent et des réponses légitimement attendues ».

« Une épée de Damoclès »

« Cela ne change pas le lien que j’ai avec mes filles, cela ne m’empêche pas de vivre ma vie au quotidien, mais ce n’est pas confortable. C’est un peu une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes » confie Sophie. Dès février 2024, cette fonctionnaire avait rempli, devant notaire, un acte de consentement à l’adoption plénière, joint à son dossier. « Nos quatre filles ont le même donneur, on est donc obligées de passer par une procédure d’adoption, on ne peut pas faire autrement. »

Depuis la naissance des deux dernières, elle assume son rôle de mère et entreprend les démarches administratives – « c’est même moi qui ai déclaré leur naissance »- mais sans en avoir l’autorité de parente officielle. « Nos interlocuteurs sont plutôt compréhensifs. Heureusement que nous ne sommes pas impactées plus que ça mais c’est toujours un risque que l’on court. S’il devait m’arriver quoi que ce soit ce sont mes parents, ma famille qui seront responsables de nos filles, pas Sophie. On a envie de solder cette situation, on a besoin de régulariser, pour plus de confort » reprend Marie, salariée dans le secteur du bâtiment.

Sophie et Marie ont décidé de témoigner de leur situation pour « débloquer leur dossier » et alerter d’autres personnes susceptibles d’être confrontées aux mêmes difficultés. Parallèlement, elles envisagent aussi de saisir la justice pour un délai de jugement « anormalement long »… de ses propres services.