Par
Léa Pippinato
Publié le
13 oct. 2025 à 17h47
Dans la cour du rectorat de Montpellier, le silence a saisi l’air ce lundi 13 octobre au matin. Une minute pour se souvenir de Samuel Paty, décapité en 2020, et de Dominique Bernard, poignardé trois ans plus tard. Deux enseignants morts parce qu’ils exerçaient leur métier.
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Avant le recueillement, une cérémonie officielle a ouvert l’hommage. La rectrice de l’académie de Montpellier et de la région académique Occitanie, Carole Drucker-Godard, a pris la parole la première. Sa voix, ferme et émue, a rappelé la force de l’institution face aux menaces. « Nous ne leur rendons pas justice par la peur ou le repli, mais par le courage, la rigueur et la clarté de nos principes. »
Des paroles pour construire, non pour céder
La rectrice a salué l’engagement quotidien des personnels de l’Éducation nationale, et insisté sur la vigilance et la formation continue des équipes : « Chaque situation aujourd’hui est signalée, fait l’objet d’une réponse éducative, juridique et disciplinaire concertée », soulignant la « tolérance zéro » face à toute atteinte à la laïcité. Elle a évoqué le pôle Valeurs, créé en 2019, qui agit dans l’ensemble de l’académie. Trois axes structurent cette mobilisation : faire vivre les valeurs républicaines, favoriser un climat scolaire serein et renforcer l’éducation à la citoyenneté. « Le plus grand hommage à Samuel Paty et à Dominique Bernard, c’est de continuer à faire aimer la liberté par l’enseignement. »
« Le plus grand hommage à Samuel Paty et à Dominique Bernard, c’est de continuer à faire aimer la liberté par l’enseignement »
Carole Drucker-Godard
Rectrice de l’académie de Montpellier
L’émotion a traversé les visages. Le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, le procureur, la présidente du tribunal correctionnel, des élus, des représentants universitaires et religieux avaient répondu à l’invitation. Tous ont tenu à exprimer leur soutien aux enseignants. L’édile montpelliérain a d’ailleurs salué la mémoire de deux professeurs « victimes du fanatisme religieux », et rappelé le rôle central de l’école publique : « Le jour où nous cesserons de nous souvenir, leur mémoire sera effacée et leur engagement oublié. »
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Il a aussi évoqué le sens du mot gravé sur le fronton des écoles : « École publique laïque. » Une inscription volontaire : « Parce que parfois, l’autorité enseignante est défiée, il faut redire nos principes. Ils sont écrits ici. » Le maire a rappelé les inaugurations de lieux portant leurs noms : l’école Samuel Paty à Montpellier et le parvis Dominique Bernard devant le collège Port Marianne. « Des gestes qui rappellent à nos enfants pourquoi la République tient debout. »
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La cérémonie a mis en lumière le travail du Pôle Valeurs, créé en 2019 pour renforcer la formation à la laïcité. (©Métropolitain / LP)L’État réaffirme sa protection
Prenant la parole à son tour, le préfet François-Xavier Lauch a salué « les enseignants, remparts les plus précieux contre les menaces qui pèsent sur la nation. » Le représentant de l’État a reconnu les peurs nées des assassinats : « Ces actes ont créé de la crainte, c’est ce qu’ils visaient. Mais notre réponse doit être l’inverse : se tenir debout. » À la demande de la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne, cette minute de silence sera renouvelée ce mardi 14 octobre dans tous les collèges et lycées de France. Un rituel national pour que la mémoire de ces drames demeure vive. Chaque année depuis 2020, Montpellier se rassemble ainsi. Les paroles changent, les visages se renouvellent, mais l’intention reste la même : affirmer que l’école ne plie pas.
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