« Elle avait perdu un enfant il y a de ça quelques années, en vérité il y avait une seconde : le cœur ignore le temps. La perte fait entrer l’éternel dans nos chairs et l’éternel, c’est ce qui ne passe pas, ce qui reste en travers de la gorge. L’enfant disparu souriait dans son sourire, floraison incendiaire du mort sur le vif », écrivait Christian Bobin dans La grande vie.

Ce samedi 11 octobre après-midi, en marge de la Journée internationale de sensibilisation au deuil périnatal et sous un soleil radieux comme un sourire d’enfant, les parents touchés par la mort du/des leur(s) au cours de la grossesse, autour de la naissance ou dans les premiers temps de la vie, étaient conviés à un temps de recueillement devant la stèle de Nos tout-petits d’Alsace (NTPA), inaugurée en 2009 au cimetière Saint-Urbain, à Strasbourg.

Un temps de recueillement

Les angelots, peluches, poupées, galets gravés et autres dragées orphelines qui y fleurissaient ont aujourd’hui disparu, cédant la place à une stèle plus – trop, estiment certains – sobre. Si un banc permet désormais de se poser, seules quelques rares bougies et fleurs témoignent encore nommément des vies de Salvador, Antonia, Eli, Milan, Baptiste, Ezio ou Angelina… Retirés il y a un peu plus d’un an par la Ville, « tous les autres petits objets sont entreposés dans une armoire à l’accueil du cimetière, où les parents qui le souhaitent peuvent toujours les récupérer », précise Véronique Paquet, sage-femme et membre du CA de l’association.

« On m’a renvoyée chez moi avec une liste de psychologues sur une feuille A4 »

Ce samedi, une maman a pris la parole pour lire un petit texte ; comme un signe d’Émilie envoyé à Victor et Jules, décédés le 25 mars 2021. « Quand j’ai perdu mes jumeaux à six mois de grossesse, victimes du syndrome transfuseur transfusé, on m’a renvoyée chez moi dix heures après l’accouchement avec une liste de psychologues sur une feuille A4. Je n’ai découvert l’association que plus tard », explique celle qui a fréquenté un temps les groupes de parole, est devenue maman d’une petite Agathe un an plus tard, et sera sans doute à Châtenois, le 13 décembre, pour la Fête de Noël de NTPA.

L’association, active dans toute l’Alsace (un temps de recueillement avait aussi lieu à Mulhouse), accompagne les parents endeuillés. À Strasbourg, elle propose des groupes de parole à l’hôpital de Hautepierre (y compris un groupe dédié à “L’enfant d’après”), coanimés par un professionnel de santé et un parent. À son actif aussi, la sensibilisation du personnel médical, la mise en relation avec d’autres parents touchés, diverses ressources (livres, podcasts, infos juridiques…) et la formation des bénévoles.

Le 15 octobre, à 19 h, NTPA invite à rejoindre la “Vague de lumière” marquant la Journée de sensibilisation au deuil périnatal, en allumant une bougie et en la laissant briller, en hommage à toutes ces vies trop courtes et pourtant infiniment précieuses.

Le mardi 14 octobre, à 20 h, un ciné-débat autour du film Et je choisis de vivre  est organisé à la médiathèque Marceau 1, place de la Fontaine à Holtzheim. Entrée libre sur inscription : mediatheque@holtzheim.fr ; 03 88 78 82 26. Plus de renseignements sur l’association : nostoutpetitsdalsace.org. Contact : 06 29 53 04 20, nostoutpetitsdalsace@gmail.com